Après une longue bataille de procédure, le tribunal criminel près la cour d'Alger a renvoyé le procès de Achour Abderrahmane relatif au détournement de 32 milliards de dinars des comptes de la BNA, au 25 mars prochain. La défense a exigé la remise des 1957 chèques et un délai pour leur consultation sous peine de se retirer de l'audience. L'affaire opposant la BNA à Achour Abderrahmane, un commerçant de Koléa, relative à un détournement de 32 milliards de dinars est revenue hier au tribunal criminel d'Alger, en l'absence de deux accusés sur les 25 cités à comparaître. L'un d'eux, le directeur de l'agence de la BNA de Bouzaréah, est en fuite au Canada ; l'autre, une cadre de la banque, est décédée au cours de sa détention à la prison d'El Harrach. Lors du premier jugement, en juin 2009, le même tribunal avait prononcé des peines allant d'une année à 18 ans de prison ferme pour «association de malfaiteurs, détournement de deniers publics, escroquerie, émission de chèques sans provision, faux et usage de faux en écritures bancaires et négligence». Dès l'ouverture du procès, la défense exige la remise des 1957 chèques sur lesquels repose l'évaluation du préjudice. «Nous voulons les voir et les comparer avec les relevés de compte pour défendre nos clients», déclare Me Bourayou. Abondant dans le même sens, Me Bouchachi ajoute : «Ces chèques constituent des pièces à conviction, nous voulons savoir où ils sont.» Le président répond : «Lorsque l'expert sera entendu, nous lui poserons la question.» Une phrase qui fait bondir Me Bouchachi : «Lors du premier procès aussi, le juge nous a dit nous commençons et après nous aurons les chèques. Mais 12 jours après, rien. Où sont-ils ? Ont-ils été détruits ? Il est impossible de juger les accusés sans ces pièces.» Le président suspend l'audience pour délibérer. A son retour, il décide de poursuivre. Me Aït Larbi, s'offusque : «Nous sommes en droit de consulter ces chèques pour voir si les signatures qu'ils portent sont celles des accusés.» Me Bourayou revient à la charge et fait savoir au juge que la défense a décidé de se retirer si les 1957 chèques ne lui sont pas remis. Me Bouchachi précise : «Nous voulons que cette dérive s'arrête. Même avec le ministère de la Défense, lorsque nous exigeons des documents, ces derniers sont remis, exception faite quand ils relèvent du secret-défense. Est-ce que ces chèques relèvent du secret-défense ?» Intervenant au nom de la partie civile, Me Chaoui explique : «Ces chèques font partie du dossier judiciaire. Ils n'appartiennent plus à la banque. Ils sont dans un coffre-fort de la BNA mais sous la responsabilité du tribunal. Si celui-ci ordonne leur remise, nous allons les ramener.» Me Aït Larbi sort de ses gonds : «Non seulement ces documents doivent être remis aux avocats, mais ces derniers doivent avoir le temps de les étudier. L'affaire est trop grave pour la juger avec légèreté. De quel droit la banque garde-t-elle les chèques ?» Le président suspend l'audience pour délibérer et revient vers 16h30. Me Chaoui lui remet un gros paquet contenant les chèques et déclare : «Dans ce paquet, il y a 1946 chèques. Tous des originaux. Ils sont sous la responsabilité du tribunal.» Le président veut poursuivre le procès, mais les avocats refusent : «Nous voulons du temps pour les consulter.» Le président se retire. A son retour, il décide du renvoi de l'affaire au 25 mars prochain et met en liberté deux accusés qui ont purgé leur peine mais font l'objet d'une procédure de prise de corps.