Après l'appel au boycott des prochaines législatives, lancé cette semaine, les dirigeants de l'ex-FIS comptent organiser un grand rassemblement le 12 mai prochain, au lendemain de la proclamation des résultats des législatives, «pour contester les résultats et appeler à l'arrêt du processus électoral», révèle un ex-dirigeant qui a pris attache avec notre rédaction. Bien que les responsables du parti dissous sont interdits de politique et de toute déclaration publique, Ali Benhadj et Abassi Madani avaient signé et rendu public cette semaine un communiqué dans lequel ils appellent les Algériens à ne pas participer aux prochaines législatives. Le pouvoir, si prompt à réprimer les contestataires et les opposants «jouissant de leur pleine citoyenneté» à chaque manifestation publique, laisse les «responsables de la tragédie nationale», pour reprendre la dénomination officielle, prolixes et libres de leurs mouvements. Abassi Madani, de son exil à Doha, et Ali Benhadj, à partir de la mosquée de Kouba, multiplient les déclarations et les critiques envers le pouvoir et s'invitent ainsi dans le débat actuel sur les législatives du 10 mai prochain, soit à travers les réseaux sociaux ou le site de partage vidéo YouTube. Ainsi, à en croire nos sources : «En catimini, une grande marche est en préparation.» Mais avant, les ex-FISistes encore engagés politiquement prendront part à la campagne électorale à leur manière. «Nous appellerons au boycott et nous expliquerons aux Algériens les raisons de notre abstention à la mascarade du 10 mai», nous informe un militant de l'ex-FIS. Une permanence électorale sera mise en place prochainement, probablement au «quartier général» de Ali Benhadj, à Belcourt, où ce dernier est doté d'une armada de bénévoles, dont un porte-parole. Dans les milieux salafistes, on se prépare «à faire une contre-campagne pour contrecarrer celle engagée par le pouvoir, qui demande aux imams de sensibiliser les Algériens pour aller voter le 10 mai. Nous serons là pour empêcher ce discours», avertit un salafiste connu dans le milieu. Pour les services de sécurité, «une telle action permettrait de ficher les nouveaux adeptes du mouvement et sonder la portée de leurs messages dans la société», explique un haut responsable sécuritaire. Une question, les autorités permettront-elles une telle action publique au lendemain des élections législatives ? Réponse le 12 mai.