Si l'on s'attendait à une victoire du FLN, le 10 mai, ce n'est certainement pas de manière aussi large, à 12 sièges à peine de la majorité simple qui lui aurait permis de «contrôler» l'Assemblée populaire nationale ! Un retour du FLN qui n'est pas sans rappeler celui de la période du parti unique, car avec l'apport du RND ce n'est ni plus ni moins la majorité absolue qui est désormais à portée de main. Le changement promis par les thuriféraires du régime n'aura pas lieu, l'élection n'aura pas été à la hauteur des événements historiques à laquelle ceux-ci ont voulu la comparer, à savoir le référendum de juillet 1962 sur l'indépendance de l'Algérie. Le faible taux de participation à un scrutin qu'ils disaient «historique» a prouvé le contraire. Tandis que beaucoup d'Algériens parmi ceux qui ont voté sont, au regard des résultats «sortis des urnes», convaincus que le changement ne viendra ni du côté de l'APN ni du pouvoir actuel qui semble ainsi avoir opté pour encore plus d'autoritarisme. En effet, avec une Assemblée qui lui est totalement ou presque acquise, il ne faudra pas s'attendre à une quelconque ouverture démocratique. Une chose est sûre : l'islamo-conservatisme a encore de beaux jours devant lui. Dans cette volonté à faire émerger une Assemblée qui lui serait favorable, le pouvoir n'a pas hésité, pour cela, à recourir à la manipulation. Il a prouvé par là même qu'il demeurait profondément autiste aux attentes des citoyens qui aspirent au changement et qui croient au principe de l'alternance démocratique. En d'autres termes, cette énième consultation électorale aura servi davantage à pérenniser un système à bout de souffle, profondément sclérosé et en quête de légitimité. Le fait que près de 60% des Algériens en âge de voter aient boudé les urnes le 10 mai atteste qu'il a, une fois de plus, échoué et que quelque part, c'est là un message qui lui est adressé. Un message de refus du statu quo, un rejet de la gouvernance autoritaire à laquelle tient le régime actuel dans la concentration des pouvoirs telle qu'il l'envisage et sans le moindre souci d'équilibre. Une démarche qui laisse planer de sérieux doutes sur la révision de la Constitution, dévolue à cette Assemblée et sur toute perspective d'ouverture démocratique allant dans le sens des aspirations des citoyens. Laquelle démarche ne fera qu'aggraver la fracture entre le peuple et ses dirigeants fermés à tout compromis. Le retour au monolithisme du pouvoir avec cette Assemblée éloigne encore davantage toute alternative pour une sortie de la crise dans laquelle le pays est plongé depuis les années 1990.