Les grandes puissances vont examiner, la semaine prochaine, la conduite à tenir face à un conflit qui s'enlise dangereusement. La situation va de mal en pis en Syrie où les observateurs de l'ONU ont suspendu, hier, leur mission en raison de «l'intensification des violences» qui fait craindre à l'opposition un «nouveau massacre» à Homs (centre). Et pour cause, une quarantaine de personnes ont été tuées, hier, alors que des milliers d'autres sont prises en étau à Homs, où l'armée de Bachar Al Assad largue une pluie de bombes. «En raison de l'intensification de la violence armée ces dix derniers jours (...) et des risques encourus, la mission des observateurs de l'ONU suspend ses activités», a annoncé hier le chef de la mission d'observation, le général Robert Mood, dans un communiqué. Le général pointe «l'absence de volonté des deux parties (gouvernement et opposition) pour parvenir à une transition pacifique». Pour lui, «la poussée vers les (solutions) militaires accroissent les pertes : des civils innocents, hommes, femmes et enfants, sont tués tous les jours. Cela augmente aussi les risques que prennent les observateurs». C'est pourquoi il a affirmé que les quelque 300 observateurs présents en Syrie «arrêteront de patrouiller jusqu'à nouvel ordre». De fait, cette décision s'apparente à un véritable SOS dès lors que les 300 observateurs de l'ONU s'avouent incapables d'accomplir leur mission sous le feu des bombardements intensifs. Les opposants au régime syrien, qui se réunissent depuis hier à Istanbul pour tenter de fédérer leurs efforts, craignent qu'un massacre ne soit commis une nouvelle fois à Homs. Le chef du bureau politique du Conseil national syrien (CNS), Burhan Ghalioun, n'a pas hésité à appeler l'ONU à déployer des Casques bleus. «On ne peut pas compter sur des observateurs désarmés, il faut envoyer en Syrie des Casques bleus, une mission plus nombreuse et capable de se protéger contre la violence de ce régime», a-t-il déclaré. Ghalioune en veut d'autant plus qu'environ 30 000 soldats et membres de milices progouvernementales «assiègent» cette ville. Le Conseil de sécurité va-t-il pour autant revoir le mandat de la mission de l'ONU ? Pas sûr. «Moment critique», selon la Maison-Blanche Et comme pour rajouter au flou ambiant, le ministère syrien des Affaires étrangères a ainsi affirmé «comprendre» la décision du chef des observateurs de suspendre leur mission en rejetant la responsabilité des violences sur des «groupes terroristes». Qui tue en Syrie ? Mystère... L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) avait relayé la voix du CNS en exhortant le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, à «intervenir immédiatement pour faire arrêter les bombardements» sur Homs «afin d'évacuer plus de 1000 familles encerclées». Des militants de l'opposition ont par ailleurs lancé un «appel au secours» pour Douma, près de Damas, sur la page facebook «Syrian Revolution 2011», en soulignant que les bombardements y avaient «fait ces deux derniers jours plus de 20 morts et 500 blessés». En réaction à la suspension de la mission des observateurs et à la poursuite des massacres, la Maison-Blanche a évoqué hier un «moment critique» dans la crise syrienne. «A ce moment critique, nous consultons nos partenaires internationaux sur les prochaines étapes à suivre pour la mise en œuvre d'une transition politique menée par les Syriens, comme demandé dans les résolutions 2042 et 2043 des Nations unies», a déclaré un responsable de la Maison-Blanche. Il faut signaler que le dossier syrien doit être au menu, la semaine prochaine, en marge du G20. Le président américain Barack Obama tentera de faire entendre raison à ses homologues russes Vladimir Poutine et chinois Hu Jintao, alliés de Damas, qui bloquent toute action contre le régime d'Al Assad au Conseil de sécurité de l'ONU.