«Raté», «insulte à la jeunesse», «affreux». Les critiques ont fusé contre le logo officiel du 50e anniversaire de l'indépendance. Sur facebook, les membres du groupe «Les graphistes algériens contre le logo du cinquantenaire» ont donc lancé un concours demandant à tous de dessiner leur propre logo. Exemples choisis. -Les graphistes de Gan Food sont reconnus parmi les plus avant-gardistes en Algérie. Qu'avez-vous à dire sur le logo du cinquantenaire ? D'un point de vue symbolique, il est nul. Le créateur a voulu communiquer sur le bilan présidentiel. On y retrouve l'autoroute Est-Ouest, les bâtiments du projet «un million de logements», son désir d'ouvrir la culture algérienne au cyberespace représenté par l'ordinateur avec un @. Le tramway y figure aussi parce que c'est une décision présidentielle. On y voit Maqam Echahid parce que malheureusement nous n'avons pas d'autre monument, pour l'instant, qui nous représente. Enfin, les profils inertes dessinés sur le côté sont censés représenter la jeunesse qu'on décrit comme figée. Notre société se veut moderne, mais on nous présente un logo qui évoque les mécanismes décisionnels de l'Etat. Finalement, on ne pouvait pas choisir mieux. On est vieux, obsolètes, dénudés. Ils ont juste oublié les moustaches, sinon, le logo est complet ! La manière dont ce logo est devenu officiel, sans spécialiste de la communication ou spécialiste en images, est encore plus significative. La personne qui a fait ce dessin l'a fait comme ça, pour faire plaisir à ses supérieurs. -Pourquoi ne fait-il pas l'unanimité auprès des Algériens ? Parce que d'un point de vue graphique, ce logo est démodé. Il symbolise la vision que l'on avait dans les années 1930 pour le futur. En revanche, je mets au défi tout ceux qui critiquent le logo actuellement de faire beaucoup mieux avec les moyens qu'ils ont. -Vous laissez entendre que peu de graphistes algériens seraient capables de faire quelque chose de moderne ? Qui sont les réels graphistes qui sortent des écoles algériennes ? La plupart des logos que vous voyez sur le groupe facebook «Les graphistes algériens contre le logo du cinquantenaire» sont réalisés par des jeunes talentueux, mais clairement autodidactes. C'est pratiquement comme ça dans chaque domaine en Algérie. Je ne vois pas pourquoi le graphisme sortirait du lot sous prétexte que c'est un art. Manque de références, de formation, donc un manque de professionnalisme : comme les autres métiers, le graphisme est sous-considéré. Mais ça, c'est aussi parce qu'on est une nation assez jeune. On a besoin d'images, d'identité, de références, de repères. En conclusion, il faut encore se chercher !