Les ennemis du Kremlin ont critiqué dimanche Vladimir Poutine lors de rassemblements organisés pour commémorer l'échec du putsch de Moscou, en 1991, qui a accéléré la fin de l'Union soviétique et l'avènement de la démocratie en Russie. Les participants, dont certains estiment que le président russe a fait régresser la démocratie à son niveau d'il y a vingt ans, ont été choqués par le verdict du procès des «Pussy Riot», vendredi. La condamnation à deux ans de camp des trois jeunes femmes, membres du groupe punk «Pussy Riot», pour avoir chanté une fausse prière hostile à Vladimir Poutine dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou, a provoqué un tollé dans l'opposition. «La situation de la démocratie est nettement pire qu'elle n'était, disons, il y a quinze ans», estime Ivan Preobrazhensky, 31 ans. Avec sa femme et sa petite-fille, il est venu déposer un bouquet de fleurs sur le modeste mémorial construit en mémoire des trois jeunes hommes morts pour s'être opposés au coup d'Etat, et sur lequel on peut lire «Des défenseurs de la démocratie en Russie sont morts ici, en août 1991». «Nous allons vers l'autoritarisme et le totalitarisme», juge Ivan, pour qui le verdict du procès des «Pussy Riot» fait partie de mesures visant à réprimer l'opposition depuis que Poutine, au pouvoir depuis 2000, a remporté un nouveau mandat présidentiel en mars. Lors d'une manifestation, organisée plus tard derrière la maison blanche, bâtiment où Boris Eltsine, juché sur un blindé, a condamné les auteurs du coup d'Etat et qui est aujourd'hui le siège du gouvernement, des orateurs ont appelé Poutine à quitter pacifiquement le pouvoir. «Nous sommes revenus là où nous avons commencé», a déclaré l'ex-dissident soviétique et militant des droits de l'homme Sergueï Kovaliov, 82 ans. Il compare le culte de la personnalité qui entourait le dictateur soviétique Joseph Staline au traitement dont Vladimir Poutine, ancien agent du KGB, jouit aujourd'hui dans les médias contrôlés par l'Etat. Après l'indignation provoquée sur la scène internationale par le verdict des «Pussy Riot», les dirigeants de l'opposition espèrent que davantage de Russes descendront dans la rue lors des manifestations prévues pour le mois prochain, destinées à relancer le mouvement de contestation qui a émergé en décembre. Mais ils étaient seulement quelques centaines, dimanche, à s'être rassemblés devant le mémorial, tandis que de nombreux automobilistes passaient avec indifférence devant le monument.