«Nous vivons une situation très pénible, comme celle de toutes les familles qui n'arrivent pas à avoir d'informations sur un être cher…» Abdallah Touati, l'oncle de Tahar Touati, le vice-consul algérien à Gao, que le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) a annoncé avoir exécuté dimanche dernier, assure pourtant être en relation constante avec le ministère des Affaires étrangères. Comme l'épouse de Mourad Guessas qui peine à dissimuler son impatience. «J'ai eu notre cellule de crise au téléphone ce matin, nous disait-elle hier, et au sixième jour du message du Mujao, on nous dit toujours la même chose. Je n'en peux plus. J'ai contacté la Ligue des droits de l'homme pour qu'on nous aide. On m'a conseillé d'écrire une lettre ouverte au président Bouteflika. Il faut que l'Etat trouve une solution, ça ne peut plus durer.» Cette mère d'une petite fille de 2 ans avait réussi à s'enfuir le jour où des islamistes armés avaient attaqué le consulat de Gao, prenant sept diplomates en otages. «La libération de trois d'entre eux en juillet nous avait redonné espoir, poursuit-elle. Mais là, nous sommes saturés d'attendre.» Le 24 août, le Mujao avait menacé les autorités algériennes de représailles si elles ne libéraient pas, dans les cinq jours, trois djihadistes arrêtés le 15 août, dont un dirigeant d'AQMI, Necib Tayeb, dit Abderrahmane Abou Ishak Essoufi. Le ministère des Affaires étrangères, qui refuse de nous répondre, s'en tient aux déclarations de dimanche dernier, selon lesquelles l'exécution faisait «l'objet de vérifications nécessaires», et aux propos de Mourad Medelci. Le ministre avait déclaré lundi qu'il ne disposait d'aucune nouvelle information. Abdallah Touati, qui assure «faire confiance en l'Etat algérien» préfère garder «l'espoir que les otages reviennent sains et saufs». Pour l'épouse de Mourad Guessas, si les proches des otages «s'appellent régulièrement pour se réconforter», le projet de création d'un comité de soutien et de solidarité aurait été abandonné. Après avoir reçu des consignes des autorités de ne pas parler, certaines familles préféreraient rester dans l'ombre.