Au pied de la mosquée Ibn Fares, l'ex-synagogue de la Basse Casbah d'Alger, se concentre le marché de gros des pétards et autres articles de fête en prévision du Mawlid, le 11 avril prochain, le 1435e anniversaire de la naissance du Prophète Mohamed : encens indiens, bougies, nouwalat, bombes à confettis, etc. La rue Amar Ali est encombrée par les étals de vêtements, de chaussures, de CD de chaâbi, de cigarettes en gros, etc. Mais la star de la bourse locale reste le pétard, mhirqa, fecheka. « Je vends des pétards ici depuis quatre ans. Un mois et demi avant le Mouloud, on commence à se procurer la marchandise chez mon fournisseur qui la ramène, pour sa part, d'Oran », dit un jeune, de 17 ans, fier de nous montrer l'étendue du choix de son étal : double bombe (450 DA), volcan (450 DA), « fusée », des mini-pétards espagnols dans des paquets à l'effigie de Zidane et toutes les variantes réactualisées de l'antique baozhu, tube de bambou à explosif, une spécialité chinoise qui date d'il y a plus de 2000 ans. « La marchandise vient de partout », assure le jeune revendeur. Sur les étiquettes des paquets de pétards, on trouve des made in Espagne, Pologne, mais surtout, c'est le made in China qui prime. « Cette année, c'est exceptionnel ! On n'a jamais eu autant de marchandises en quantité et en diversité. C'est que les “passeurs” prolifèrent et pas seulement aux frontières, mais aussi au port... Tout dépend du sandouq (coffre, en l'occurrence le conteneur) », explique un autre revendeur, la trentaine, qui indique que les prix, cette année, sont plus bas par rapport à l'exercice 2005. Le 5 mars dernier, deux conteneurs chargés de 1,5 milliard de centimes de produits pyrotechniques en provenance de Chine ont été saisis au port d'Alger par les services des Douanes, selon l'APS. A l'intérieur de ces conteneurs, censés contenir des bougies décoratives, étaient dissimulés 160 000 pétards, environ 2,9 millions d'unités de cierges magiques et plus de 145 000 fusées pétards. C'était, selon les Douanes, la première prise de l'année 2006. L'importateur est une Sarl « récidiviste connue des services douaniers pour avoir importé en 2005 trois conteneurs de produits prohibés », ont révélé ces services. L'amende correspondante serait « quatre fois supérieure à la valeur de la marchandise saisie, soit 6 milliards de centimes ». « On les ramène de Chine ! », ironise le revendeur lorsqu'on lui pose la question de la provenance de sa marchandise. Une pluie fine s'annonce. Des bâches en plastique sortent de partout pour protéger les précieux étals. Des fusées, vendues 5000 DA les trois unités, de fabrication chinoise, sont estampillées d'un bout de papier avec l'inscription Ben Laden, un rajout marketing, semble-t-il.