L'Etat veut-il enfin reconnaître le statut de victime aux combattants de l'ALN qui se sont insurgés contre le régime en 1963 ? Les victimes ayant pris part à l'insurrection menée par le FFS auront-ils droit à des indemnisations, comme le revendique le parti ? Fort probable. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, l'a laissé entendre, en tout cas, lors d'une conférence de presse animée, mercredi dernier, à l'issue du débat général autour du plan d'action du gouvernement au Sénat. «La réconciliation nationale est un dossier ouvert qui ne concerne pas seulement les victimes de la tragédie nationale (…). Elle concerne tous les citoyens qui ont souffert de la tragédie nationale, sous toutes ses formes», déclare-t-il, précisant que «le dossier des victimes des événements de 1963, soulevé par des membres de l'Assemblée populaire nationale, relève également du dossier de la réconciliation nationale qui reste ouvert». Même si la réponse est vague, il y a une évolution dans le discours des autorités qui ont dénié le statut de victime à des centaines personnes – plus de 400 morts et près 3000 personnes arrêtées selon Abdelhafidh Yaha, un des fondateurs du FFS et acteur des évènements – pendant près de cinquante ans. Abdelmalek Sellal ne parle pas, pour l'instant, d'indemnisation des victimes. Contacté pour avoir une réaction du parti par rapport à cette déclaration, le premier secrétaire du FFS, Ali Laskri, n'a pas souhaité s'exprimer. Visiblement remonté contre la presse et les journalistes, Ali Laskri affirme que les députés du parti «ont tout dit sur ce sujet». La direction et les députés du FFS ont exigé une reconnaissance officielle des victimes des événements de 1963. «On ne peut parler de réconciliation nationale sans parler des martyrs de la démocratie. C'est pourquoi nous demandons la reconnaissance du statut de chahid à tous les moudjahidine tombés au champ d'honneur durant les événements qui se sont produits en Algérie du 29 septembre 1963 au 16 juin 1965», avait exigé le chef du groupe parlementaire du FFS, Ahmed Bettatache. La même revendication avait été réitérée par Ali Laskri, le 29 septembre dernier, à l'occasion de la célébration du 49e anniversaire de la fondation du parti. Le FFS, selon lui, veut arracher un amendement de la loi sur le moudjahid et le chahid pour y intégrer «les martyrs du devoir, de valeureux combattants de la guerre de Libération tombés au champ d'honneur de 1963 à 1965». La direction du FFS espère obtenir la satisfaction de cette revendication avant le 29 septembre 2013, qui correspondra au 50e anniversaire du parti. «J'espère que cette action de nos députés va aboutir d'ici l'année prochaine, à l'occasion du cinquantième anniversaire de la fondation du parti», a souhaité Ali Laskri lors de la même occasion.