Les commerçants de la ville de Batna n'ont pas respecté la directive émise par le ministre du Commerce, les contraignant à assurer des permanences durant les deux jours de l'Aïd. Hormis quelques kiosques ouverts et autres vendeurs improvisés de charbon pour les retardataires, la quasi-totalité des commerces étaient fermés. Une inertie, toujours aussi présente, qui n'a pas tardé à contaminer toute la ville. Le quartier Bouakal, traditionnellement le plus animé de la ville, n'a pas été épargné. Aucun des commerces du grand boulevard qui le traverse n'a ouvert ses portes à une clientèle pourtant demandeuse de produits de consommation de base. Le pain, le lait, les légumes…n'étaient plus disponibles ni pour les habitants du quartier ni pour ceux des autres cités. En effet, le plus grand marché quotidien de fruits et légumes de la ville, sis au quartier Kchida, ne s'est pas tenu les deux jours de la fête de l'Aïd, et ce, bien que les autorités locales aient essayé, tant bien que mal, de pallier à ce problème. Une cellule de veille, de prévention et d'intervention avait été formée pour veiller à l'application stricte et effective de la circulaire ministérielle soulignant l'impérative nécessité du suivi et du contrôle. Les menaces de représailles contre ces rebelles du commerce, relayées par le wali de Batna El Hocine Mazouz, lors d'une rencontre avec les journalistes locaux, n'ont pas suffi à vaincre la pesante tradition de fermeture des commerces. Par ailleurs, le secteur de la santé, où assurer les permanences est une tradition, a souffert des mêmes symptômes. Les pharmacies et les cabinets médicaux de garde étaient pour la plupart fermés. Mohamed, pharmacien, explique qu'il a ouvert son officine par humanité, ceux censés assurer la permanence étant aux abonnés absents. «La liste que dresse la direction de la santé publique (DSP) des pharmacies et cabinets médicaux de garde est négligée. On se doit d'assurer un minimum pour les citoyens», a-t-il affirmé. Seul effet positif de ces menaces semble être qu'au troisième jour de cette fête religieuse, les rues de la ville, contrairement à l'accoutumée, recouvrent peu à peu leur foule habituelle. L'éthique professionnelle et citoyenne devrait être la priorité des autorités, la culture de l'impunité étant ancrée profondément dans les mentalités.