Certains médias français ont fait une énumération des frasques de l'ancien militant de groupuscules d'extrême droite et partisants affiché de «l'Algérie française». Tandis que le bras d'honneur de Longuet aux demandes de reconnaissance des crimes coloniaux n'en finit pas de provoquer l'indignation, la presse française relaie, entre réprobation et neutralité parfois teintées d'amusement, les gesticulations d'un homme qui n'en est pas à son premier «dérapage». «Invité mercredi dernier d'un débat sur le mariage homosexuel dans l'émission ‘Preuves par 3 de Public Sénat', l'ancien ministre de la Défense (UMP), Gérard Longuet, s'est fait remarquer par un geste plutôt déplacé de la part d'un responsable politique», relate ainsi le site de 20minutes.fr, qui s'interroge : «Abonné aux dérapages, Gérard Longuet ?» Et si le geste a suscité un tollé à gauche, le principal intéressé ne s'est pas excusé, préférant même assumer. «C'est un geste de mauvaise humeur typiquement populaire à propos d'un sujet sensible pour moi», poursuit l'article de 20minutes.fr, qui rappelle que «si la polémique a fait son chemin, Gérard Longuet a l'habitude de ce genre de scénario». S'ensuit une énumération des «frasques» de l'ancien militant de groupuscules d'extrême droite et partisan affiché de «l'Algérie française». «Aujourd'hui, l'ancien ministre de la Défense va tenter d'éteindre l'incendie qu'il a provoqué. Ce qui ne s'annonce pas simple», conclut 20minutes.fr. D'autant plus qu'en ce cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie, la guerre des mémoires n'en finit pas de brouiller les deux rives. Des relations qui, pourtant, tendaient vers l'apaisement, à quelques semaines de la visite en Algérie du président François Hollande. Ce dernier avait d'ailleurs fait plusieurs gestes en vue d'un rapprochement entre les deux pays. Efforts qui pourraient être sapés par le «geste» de Longuet. Et c'est ce contexte tout particulier que souligne l'édition en ligne de lemonde.fr. «Ces propos interviennent en plein débat politique sur la manière de commémorer la guerre d'Algérie. A quelques semaines du voyage du président de la République en Algérie, prévu d'ici à la fin de l'année, le Sénat a examiné, le 25 octobre dernier, une proposition de loi socialiste – à forte charge polémique – visant à faire du 19 Mars date anniversaire du cessez-le-feu en Algérie, en 1962, une ‘Journée nationale du souvenir' en mémoire des victimes du conflit», souligne l'article. «La gauche est pour, la droite est contre, et le gouvernement, conscient de la passion avec laquelle chaque camp défend sa position, est très embarrassé», est-il rappelé. Une insulte à la France et à l'Algérie Pour certains, comme le média citoyen Agoravox, le «bras d'honneur» de Longuet est la démonstration même d'un «homme politique nostalgique d'une époque révolue, opposé à toute évolution de la société et qui incarne parfaitement une droite agressive, décomplexée depuis ses défaites aux dernières élections présidentielle et législatives». «Un élu de la République doit donner l'exemple, il ne doit pas se laisser envahir par une colère qui peut donner lieu à une démonstration de vulgarité peu digne des fonctions qui sont les siennes ! Il y a de nombreux précédents dans sa famille politique», estime-t-on sur Agoravox. Sur le «Plus» du Nouvel Observateur, blog dédié aux analyses et autres commentaires, Bruno Roger-Petit, chroniqueur politique, estime, sévère, que ce geste n'est rien moins qu'une «injure», même lorsque reformulée dans les explications fournies par Longuet. «Soit un bras d'honneur verbal, plus élégant, plus policé, mais un bras d'honneur encore. C'est un geste «bien connu des Français»», a-t-il encore précisé, estimant au surplus qu'une dose supplémentaire de populisme le sauverait du discrédit moral. «Non Gérard Longuet, ce n'est pas un geste populaire, c'est une injure ! Et à l'Algérie et à la France», assène-t-il. Selon le chroniqueur, cet «héritier d'une famille politique d'oppresseurs, qui persiste à nier les horreurs coloniales et qui, en réponse aux descendants des victimes de ses ancêtres politiques, offre le spectacle d'un bras d'honneur», ainsi qu'«une partie de la droite française, incarnée par Longuet», sont en retard «d'un siècle, et pire encore peut-être, d'une humanité».