La télévision d'Etat algérienne continue d'user du même langage, d'empêcher l'opposition de s'exprimer, de cacher les vérités de la société qui bouge et d'ignorer la vitalité et l'intelligence d'une jeunesse qui veut avoir un espace de parole. L'ex-RTA, devenue ENTV, reste fermée. Imperturbable. Que la marche du monde s'accélère. Que des changements majeurs se fassent dans le proche voisinage géographique. Rien. Pas d'air frais au 21, boulevard des Martyrs. La situation dramatique de ce média dépasse la bonne volonté de ses responsables et de ses journalistes qui aspirent à rénover l'expression télévisuelle publique en dépit des limites politiques. Il se trouve que l'ENTV et ses canaux ne sont plus seuls sur le terrain. Il existe désormais plusieurs chaînes algériennes traitées comme des étrangères. En dépit de tout, El Djazairia, Ennahar, Echourouk, Numédia News sont bien installées dans l'univers audiovisuel algérien. Une situation unique au monde ! Un Etat tolère la présence de chaînes nationales de télévision mais ne les autorise pas d'émettre à partir de son territoire. Une situation que rien ne justifie. Il est vrai que les autorités n'ont pas empêché les journalistes et les techniciens, à 100% algériens, de ces chaînes de travailler dans le pays. Mais il est urgent de régler cette situation anormale. Le gouvernement parle de la possibilité d'adopter une loi sur l'audiovisuel lors du premier semestre 2013. Cela se fera en concertation avec l'ensemble des professionnels. Des professionnels tenus d'éliminer toutes les entraves, apparentes ou invisibles, pouvant être introduites dans la loi. Par exemple, la condition «chaînes thématiques» doit être supprimée pour ouvrir réellement le champ audiovisuel. Tout doit être entrepris par les défenseurs de la liberté d'expression pour que la future Autorité de régulation soit entièrement indépendante et protégée des pressions politico-sécuritaires et des lobbies financiers. Et pour gagner du temps, il est important que les textes d'application accompagnent la promulgation de loi. S'inspirer des expériences des autres pays, comme l'a suggéré le ministre de la Communication, n'est pas une mauvaise chose. Le plus important est de libérer les ondes le plus rapidement possible en évitant de lier les démarches aux échéances électorales futures. Il est stratégique que l'ouverture du champ audiovisuel se fasse sans préalable pouvant tout remettre en cause. Il n'y a qu'à adopter les normes internationales en la matière. Inévitable, cette libération des ondes ne provoquera donc ni tremblement de terre, ni tsunami, ni explosion solaire !