L'événement, le second du genre après une première édition organisée en 2005 à Alger, est parrainé par l'association Femmes et développement en Algérie (FEDA). « Créée en 1994 sous le régime de la loi 1901 par des femmes d'origine algérienne et d'autres ayant des liens avec l'Algérie, FEDA a pour objet la promotion d'actions de solidarité internationale, liées à l'insertion des femmes dans le développement économique », nous dira en guise de présentation sa secrétaire générale Anne-Marie Lesney. La présence à Constantine de Femmes artisanes, venues essentiellement du Sud, des Hauts-Plateaux et de la région de la Kabylie pour exposer et vendre leurs produits d'artisanat, reflète bien un travail d'accompagnement et d'assistance à des femmes en quête d'autonomie et de meilleure gestion de leurs structures. « Nous avons jugé que le meilleur moyen de préserver et de valoriser ce patrimoine culturel riche et diversifié, menacé par la mondialisation économique, est de créer un réseau féminin d'artisanat permettant à ces femmes travaillant à domicile d'être solidaires entre elles, de se rencontrer et d'échanger leur savoir-faire », affirme Anne-Marie Lesney. Pour Assia de Djemila dans la wilaya de Sétif, Ouardia de Tizi Ouzou et Mme Boudiaf d'El Goléa dans la wilaya de Ghardaïa, toutes gérantes de boutique et de coopérative de travail artisanal, l'apport de FEDA leur a permis surtout de bénéficier de formation en matière de création artistique et de présentation du produit, de maîtrise de le gestion des projets et des finances. Elle leur a surtout ouvert des espaces pour la commercialisation de leur production grâce à l'établissement des liens avec des boutiques de vente, intéressées par les objets d'artisanat. Pour le public constantinois, l'opportunité se présente aussi pour découvrir les laines et tissages de Djemila, les tapis et la broderie des femmes d'El Goléa, la bijouterie kabyle et autres objets traditionnels de Boumerdès, Larbaâ Nath Irathen et Timimoun, fabriqués à partir des produits locaux et des couleurs naturelles, présentés et proposés à la vente à des prix raisonnables. A ce sujet, on apprend que 70 % des recettes des ventes iront pour les artisanes, 20% seront réservées à la formation et au financement des projets, alors que 10% serviront à la couverture des charges. Selon Anne-Marie Lesney, l'association FEDA active pour labelliser ces produits dans le but de faciliter leur commercialisation à l'étranger. Une action parmi tant d'autres où l'intérêt semble porter vers l'encouragement des femmes artisanes à pouvoir créer leurs propres coopératives et assurer leur autonomie dans le secteur de l'artisanat traditionnel. A ce jour, huit régions de l'Algérie sont concernées par le programme de FEDA, soit El Goléa, Timimoun, Larbaâ Nath Irathen, Tizi Ouzou, Djemaâ Sarridj, Alger, Constantine et Djemila. Plus de 800 femmes ont adhéré et participent au réseau. L'exposition est abritée au hall du palais de la culture Malek Haddad jusqu'au 5 avril. En dépit de son caractère original et des opportunités de contact et d'échange qu'elle peut offrir aux femmes artisanes de Constantine, l'exposition ne semble pas bénéficier d'une campagne médiatique importante. Elle risque même de passer inaperçue du moment où elle se trouve étrangement boudée par les autorités de la wilaya et des responsables des secteurs de l'artisanat et de l'emploi.