La Libye a annoncé avant-hier la fermeture de ses frontières sud avec l'Algérie, le Niger, le Tchad et le Soudan. En cause, la détérioration de la sécurité dans cette région que la Libye avait décrétée zone militaire fermée. C'est au terme de plusieurs visites qui ont amené le Premier ministre libyen Ali Zidan en Algérie, au Niger, au Tchad et au Soudan, que cette décision «temporaire» a été prise avec leur consentement. Selon des sources militaires, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP), a reçu en audience, le 10 décembre dernier au siège de l'état-major de l'ANP, son homologue le général-major Youcef El Mangouch, chef d'état-major de l'armée libyenne. «Cette audience s'inscrit dans le cadre de la poursuite du développement des relations entre les forces armées des deux pays et a été l'occasion d'aborder les questions d'intérêt commun, dont l'aspect sécuritaire de la frontière commune entre les deux pays», affirment les mêmes sources, ajoutant que l'Algérie et la Libye ont décidé de lancer plusieurs initiatives de coopération sécuritaire en 2013. Sur le plan sécuritaire, cette décision arrange beaucoup l'Algérie. «Par rapport à l'Algérie, la Libye éprouve des difficultés à assurer de son côté l'étanchéité des 1200 km de frontière qu'elle partage avec notre pays», estiment des sources sécuritaires locales. En effet, en réponse à cette situation de sécurité nationale, l'ANP a réagi de manière forte aux différentes menaces au Sahel. Depuis le début des troubles au nord du Mali, l'état-major algérien a doté la nouvelle base militaire de Tamanrasset d'un important équipement militaire et humain. Les résultats de ce déploiement jamais constaté dans le Sud algérien ne se sont pas fait attendre. Les saisies d'armes sont aussi importantes que les arrestations de leurs transporteurs. Parmi les plus importantes opérations, celle portant récemment sur la récupération de 10 missiles type Katioucha dans une 4x4 Toyota Station et la destruction de deux véhicules du même type qui transportaient des armes lourdes et différents équipements de transmission. Menée par les forces de l'ANP au lieudit Lekhlil, près de la frontière algéro-malienne, il a fallu, pour réussir cette mission, une couverture aérienne assurée par 6 hélicoptères. Le 6 novembre dernier, ces mêmes services ont arrêté un ressortissant nigérian armé qui a reconnu son appartenance au Mouvement pour l'unité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). Une semaine auparavant, des éléments de l'ANP avaient arrêté 12 individus qui étaient arrivés jusqu'à Illizi clandestinement. Ils s'apprêtaient également à atteindre le Mali pour intégrer les mouvements terroristes en place. Ils étaient à bord de Toyota Station et en possession de mitrailleuses confisquées par les forces de sécurité. Durant la même journée, six trafiquants en provenance de Ghadamès (Libye) ont été appréhendés par les forces de sécurité ; ils transportaient deux SUV, 21 armes et se dirigeaient également vers le Mali. Les craintes de l'Etat libyen sont justifiées. Le Daily Telegraph a rapporté dans son édition du 4 décembre que les leaders d'AQMI «se rendent régulièrement à Ghat, une ville dans le désert située dans le sud-ouest de la Libye, non loin de la frontière avec le Niger. Leur but est de s'implanter en Libye pour pouvoir, à partir de là, lancer des attaques contre des cibles occidentales, ainsi que pour avoir accès aux vastes arsenaux d'armes, notamment des missiles antiaériens de fabrication russe, récupérés par les rebelles libyens après la chute du régime du colonel Mouammar El Gueddafi à la fin de l'année dernière». Le même quotidien anglais a précisé qu'«en retour, AQMI propose d'assurer aux groupes islamistes libyens un entraînement et un financement».