Le calvaire des 20 familles à Boumerdès, expulsées le 10 décembre dernier des habitations qu'elles occupaient depuis 1958, n'inquiète plus les autorités de wilaya. Certains des 26 enfants issus de ces familles, malades et traumatisés, ne vont plus à l'école et dorment à la belle étoile, sous un froid glacial. Leurs biens, notamment les meubles, se sont détériorés à cause d'abord du manque de tentes et ensuite de la pluie et de l'humidité. Les responsables locaux, bien au chaud dans leurs bureaux, n'ont pas bougé le petit doigt pour leur porter assistance en cette période hivernale. Certains membres de ces familles envisagent de demander réparation du préjudice subi et menacent de déposer des plaintes pour «non assistance à personnes en danger de mort». Elles accusent les services des domaines de n'avoir pas agi à temps pour défendre les biens de l'Etat. Car, précisent des chefs de ces familles, la parcelle abritant leurs bâtisses où ils ont été expulsés après l'exécution d'une décision de justice, qualifiée de controversée, n'appartient nullement à un privé. Ceci a été d'ailleurs confirmé lundi par la conservation foncière de la wilaya de Boumerdès qui a établi un livret foncier dans lequel il est précisé que la parcelle n° 635, objet de litige, appartient aux services des Domaines, donc à l'Etat. Le conflit remonte à 1993. Maintenant on se demande pourquoi les services des domaines ont attendu jusqu'au jour de l'expulsion des familles pour établir des documents justifiant que la parcelle est une propriété de l'Etat. Finalement, il s'est avéré que ce sont ces familles abandonnées qui ont bataillé pour que le terrain en question ne connaisse pas le sort des autres surfaces cédées illégalement à des tiers dans différentes localités de la région. Par ailleurs, on a appris que Me Toumi, l'avocat qui s'est porté volontaire pour défendre les familles concernées, a décidé de faire appel concernant la décision d'expulsion, jugée non conforme puisque elle fait notamment abstraction des habitations existantes. «Ces familles ont été expulsées de maisons datant de 1982 et non d'une parcelle de terrain comme le mentionne le jugement», a-t-il expliqué.