La steppe dont la superficie s'étend sur 32 millions d'hectares a subi de plein fouet, au cours de ces dernières décennies, le phénomène de désertification. Près de 13 millions d'hectares ont été dégradés dans cet écosystème steppique. La majeure partie des 7,2 millions d'habitants qui y vivent tire ses revenus de la pratique d'un élevage extensif estimé à 15 millions de têtes. Une situation qui a conduit d'ailleurs à un déficit fourrager, où les besoins alimentaires du cheptel ne sont satisfaits qu'à 25%. La mise en place d'une politique de développement de la steppe à une grande échelle depuis 2001 par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural a permis de restaurer, au 31 décembre 2005, près de 2,7 millions d'hectares (38%) sur une superficie dégradée de 7 millions. Le Haut commissariat au développement de la steppe (HCDS) - auquel échoit la mise en œuvre de ce programme de développement, dont l'étude sera effectuée aujourd'hui à M'sila, lors d'une réunion du conseil du HCDS - a également réhabilité 300 000 ha sur le un million ayant subi une dégradation avancée. Une dégradation aggravée par l'absence de suivi, notamment durant la période du terrorisme. L'exploitation à sa juste valeur des 2,5 milliards de mètres cubes des eaux superficielles que recèle la steppe a permis de domestiquer 825 millions de mètres cubes d'eau, soit 25 % du potentiel. Ce qui a ouvert la voie à l'amélioration de la production de l'ordre de 2,9 milliards d'unités fourragères, soit une amélioration de la couverture des besoins alimentaires du cheptel de 25 à 55%, mais également la densification du réseau de points d'abreuvement du cheptel de 1/6000 ha à 1/2600 ha. A ce titre, l'objectif visé par le HCDS est d'atteindre un point d'eau pour 1500 ha. Le même programme présenté par le DG du HCDS, M. Kacimi, dans son exposé, lors d'une virée dans la région steppique de Djelfa, a eu également pour impact une augmentation des effectifs du cheptel de 10 à 15% ainsi que l'amélioration du rendement viande de 13 kg à 22 kg poids/carcasse. Ces actions ont certes pu freiner en partie les effets de la désertification, mais le développement de la steppe est entravé par plusieurs contraintes. Le HCDS évoque en particulier une faible coordination entre les différents partenaires chargés de l'exécution des programmes de développement. A cette entrave s'ajoute également, au plan juridique, selon le HCDS, l'absence d'une loi spécifique régissant l'activité pastorale capable d'assurer la protection de la valorisation des ressources naturelles. Bien que la loi 90-25 et l'ordonnance 95-26 confirment que les terres des parcours appelées communément « arch » et communales sont la propriété de l'Etat, le statut foncier de ces terres reste à préciser. Cela pour mettre fin à l'anarchie dans l'exploitation à laquelle se livrent certains éleveurs. Par ailleurs, l'accent est mis sur la nécessité d'adhésion d'une manière organisée des populations locales pour une réussite du programme de développement. Un autre problème majeur dans le développement de la steppe, c'est l'insuffisance du dispositif administratif actuel comparativement aux zones du nord du pays. Cela étant, le programme de lutte contre la désertification durant la prochaine décennie prévoit entre autres la continuité des actions de préservation et de régénération des parcours sur 4 000 000 ha par an par la mise en défense dont 855 000 dans la steppe centrale. La réhabilitation également des parcours dégradés par la plantation fourragère sur 250 000 ha/an avec la participation des populations, dont 94 500 ha dans la région Centre. Comme résultats souhaités, la préservation de 425 000 ha de parcours. La réunion du conseil de HCDS qui se tiendra aujourd'hui dans la wilaya de M'sila aura également à se pencher sur le programme d'investissement 2006, l'étude du projet de réaménagement du statut du HCDS et les programmes complémentaires de développement des Haut-Plateaux et des wilayas du Sud.