Comme attendu, le Conseil de sécurité a refusé de suivre les recommandations du secrétaire général des Nations unies qui appelaient tout simplement à prendre acte de la réalité politique, autrement dit, accepter le fait accompli colonial et ce qu'il implique comme déni de justice à l'endroit du peuple sahraoui. Dans cette résolution adoptée vendredi et qui proroge par ailleurs de six mois le mandat de la Minurso (Mission des Nations unies pour l'organisation du référendum au Sahara-occidental), les quinze membres de l'instance onusienne déclarent tout juste avoir examiné ce rapport, sans en faire donc, un document de base comme cela se passe traditionnellement. Le texte qui porte sur une seule décision, celle du mandat de la Minurso, se fonde sur toutes les résolutions des Nations unies traitant de ce conflit, et qui, toutes sans la moindre exception, reconnaissent et appuient le droit du peuple du Sahara-occidental à l'autodétermination. Quant aux débats, ils ont tous souligné l'urgence d'un règlement, s'inscrivant ainsi dans le sillage du rapport remis dernièrement et dans lequel Kofi Annan imputait « le blocage actuel », et « l'inaction du Conseil de sécurité » entre autres, au fait que « le Sahara-occidental n'était pas au premier rang des préoccupations politiques ». On a compté en ce sens pas moins de huit interventions, dont celle du représentant américain. John Bolton est allé droit au but en affirmant que la poursuite du conflit met en danger la stabilité de la région et en encourageant le Maroc, qui se propose de soumettre un plan d'autonomie, de mettre sur la table des propositions crédibles et vigoureux qui assuraient l'adhésion du Front Polisario. Il a conclu en espérant des progrès significatifs pour sortir de l'impasse. C'est-à-dire d'ici au mois d'octobre, date du prochain rendez-vous régulier sur cette question. Le Maroc, qui refuse d'appliquer le plan de paix de l'ONU, est ainsi mis en demeure de dire ce qu'il veut, mais à condition que cela soit accepté par le Front Polisario, l'autre partie au conflit. C'est ce que laissent entendre les qualificatifs crédibles et vigoureuses. Il est également important de relever la description que les Etats-unis font de ce conflit, en déclarant qu'il « met en danger la stabilité de la région ». D'où en toute logique, l'urgence d'un règlement définitif. Si donc Washington somme Rabat de soumettre des propositions crédibles et vigoureuses, la France autre membre permanent du Conseil de sécurité, et tout en déplorant l'impasse actuelle, juge que l'intention du Maroc de présenter un plan est une bonne étape. Bien entendu, la France accusée de partialité et de parti-pris par le Front Polisario, juge que l'intention du Maroc de présenter un plan est une bonne étape. Rappelons, et avant même que le contenu du plan marocain soit connu, le président français avait reçu un émissaire du souverain marocain au sujet de ce projet, rejeté par le Front Polisario, et auquel le secrétaire général de l'ONU avait opposé une fin de non-recevoir en déclarant que l'organisation qu'il dirigeait « demeurait guidée par ses résolutions », lesquelles rappelle-t-on, reconnaissent au peuple sahraoui, le droit de disposer librement de son destin. Le Danemark, nouveau membre non permanent du Conseil de sécurité, a déclaré quant à lui, que le maintien du statu quo n'est pas une option viable pour régler la situation au Sahara-occidental. Un état de fait que le Front Polisario avait lui aussi maintes fois dénoncé, et de nombreux pays appuient cette position. L'ambassadeur de Tanzanie a souligné que le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui ne saurait être soumis à des conditions préalables. L'autre volet des débats de vendredi est la situation des droits de l'homme dans les territoires occupés. Aussi apprend-on, une mission du haut commissariat aux droits de l'homme de l'ONU devrait enquêter sur place. En ce sens, le représentant de Grande-Bretagne, qui a dit sa préoccupation par la détérioration de la situation des droits de l'homme, a souhaité une mission constructive au Bureau du haut commissaire aux droits de l'homme. Son homologue danois a souligné l'attachement de son pays au respect des droits de l'homme. Ou encore le représentant de l'Argentine, qui a déclaré qu'il espérait que la mission que dépêchera le haut commissaire aux droits de l'homme sera en mesure de présenter un rapport exhaustif sur la situation et les recommandations qui s'imposent. Ce volet du débat a été abordé également par les ambassadeurs français et slovaque, le premier déclarant espérer que les parties réserveront un bon accueil à la mission du bureau du Haut Commissaire aux droits de l'homme, tandis que le nouveau membre a souhaité qu'une attention particulière soit accordée à cette question. Au regard de cette logique, deux rapports sont donc attendus pour les prochains mois. Le premier, outre qu'il portera sur le mandat de la Minurso, devra comporter de nouvelles propositions pour régler ce conflit, et ce ne sont pas les propositions que Rabat pourrait faire qui y mèneront. Le constat en ce sens est fait. Le second, quant à lui, dressera un état des lieux en ce qui concerne les droits de l'homme, l'ONU ayant été alertée par de nombreuses ONG (organisations non gouvernementales) sur les campagnes de répression par l'occupant marocain de toute revendication nationaliste, mais surtout par les dirigeants sahraouis qui appellent à la protection de la population des territoires occupés.