La presse nationale, à l'opposé des autres secteurs, n'arrive pas à se doter d'une structure syndicale représentative et efficace. L'absence d'une vision corporatiste et la prédominance d'approches individualistes ont fait que le secteur est amputé d'une organisation syndicale digne de ce nom. La presse écrite, qui a pu tenir tête de manière farouche au terrorisme islamiste et résister aux harcèlements administratif et judiciaire, n'a cependant pas pu se mobiliser afin de faire adopter un statut définissant ses droits et obligations. Le Syndicat national des journaliste (SNJ), n'a à ce jour pas pu engager un débat général et profond sur le code de l'information et le statut des journalistes. Mais, faut-il pour autant imputer ces manquements aux seuls représentants du SNJ ? La corporation, qui a prêté le flanc, a, sans doute, une part de responsabilité dans cette situation. L'ex-secrétaire général du SNJ, Rabah Abdellah, a évoqué le manque de moyens matériels et financiers ainsi que le peu d'intérêts manifestés par les journalistes pour l'activité syndicale. Il a également constaté « une absence de tradition syndicale » dans le milieu de la presse. A ses yeux, le syndicalisme a été, jusque-là, exercé comme un « loisir », alors qu'il fallait mettre en place une « véritable institution syndicale ». Coupé de sa base, le syndicat s'est dès lors retrouvé dans l'incapacité de peser dans un milieu hostile à toute expression et pratiques syndicales libres. Comment est-on arrivé là ? Pour les observateurs de la scène médiatique nationale, les coups de boutoir menés contre la presse seraient l'une des raisons qui ont empêché l'émergence de structures syndicales à la mesure des combats et des défis de la presse nationale. Les pouvoirs publics, fidèles à leurs tentatives de normaliser la presse, n'ont pas lésiné sur les moyens pour « parasiter » la corporation. En pleins tumultes de la campagne électorale pour la présidentielle du 8 avril 2004, on s'en souvient, une nouvelle structure dénommée Syndicat des journalistes algériens (SJA) sort du néant. Dans le milieu journalistique, on disait que cette initiative était, semble-t-il, parrainée par un proche du Président. D'autres tentatives de structuration de la corporation ont brillé par leur échec. Les patrons de presse, de leur côté, ont à maintes reprises tenté de créer une « association des éditeurs » pour faire de la presse algérienne un « véritable 4e pouvoir ». L'initiative était somme toute louable. Mais le projet n'a pas fait l'unanimité. Derrière le dessein, chacun avait ses objectifs et ses intentions. Toutefois, tout le monde craignait les retombées et les conséquences. Ces visées inavouées ont eu raison de ce projet.