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Perdus mais flamboyants
Des textes méconnus de Fitzgerald
Publié dans El Watan le 29 - 06 - 2013

Une édition qui a coïncidé avec la 5e adaptation au cinéma de Gatsby le magnifique.
En 2012, Francis Scott Key Fitzgerald (1896-1940), l'un des écrivains américains les plus représentatifs de la «Lost generation» (génération perdue) fait son entrée dans le catalogue de la Pléiade (Gallimard). En 2013, son roman, The Great Gatsby (Gatsby le Magnifique) est adapté au cinéma pour la cinquième fois (Baz Luhrmann) et sélectionné au Festival de Cannes. Récemment, les éditions de l'Herne ont publié un recueil de textes intitulé Merci pour le feu.
Narré, pour une bonne partie, dans un style direct, le recueil regroupe une nouvelle et cinq textes écrits entre 1933 et 1936. Ces derniers pourraient être rattachés au genre autobiographique puisque l'auteur y livre des éléments de sa vie. Au fur et à mesure de l'avancement des récits, on se retrouve immergé dans un flot de faits et d'images narrés sur un ton qui pourrait s'apparenter à de la confidence. Dans un style qui peut, par moments, sembler complexe et abstrait, l'auteur évoque l'acte d'écriture qu'il définit comme une succession «de faux départs» et révèle ses difficultés, tâtonnements, vicissitudes mentales et questionnements.
Le texte intitulé L'effondrement (1936) met en scène un homme qui fait le constat de sa dépression. Au fil des pages, il prend conscience de la «fêlure» tapie au plus profond de son être et évoque son isolement et son «endettement physique et spirituel». Pour signifier le dérangement de son esprit et mettre davantage l'accent sur son délabrement psychique, il écrit : «Je suis fêlé, comme une vielle assiette».
Publié par The New Yorker en août 2012, Merci pour le feu est un texte qui appartient au registre de la nouvelle. En une dizaine de pages, le narrateur met en scène un personnage féminin, Mrs Hanson, voyageuse commerciale de son état. Le récit nous transpose au sein d'un espace bien déterminé, la région englobant les Etats de l'Iowa, du Kansas et du Missouri. Originaire de Chicago, cette femme âgée de quarante ans, «quelque peu fanée», vend des corsets et des gaines. Elle vient d'être affectée dans cette région. Mrs Hanson a une grande passion qui, au fil des ans, est devenue une dépendance.
En effet, étant veuve et vivant seule, sans famille ni enfants, fumer joue un rôle essentiellement structurant et rassurant pour cette femme qui mène une existence insignifiante. La cigarette est associée à la satisfaction, au plaisir et au réconfort psychologique. Elle vient ainsi combler un vide existentiel.
Narrée à la troisième personne du singulier, au présent de l'énonciation, selon un schéma narratif conventionnel, l'histoire de Mrs Hanson, du moins à son début, peut donner l'impression que l'auteur se contentera de décrire la protagoniste dans son activité professionnelle. Cependant, un élément vient perturber la situation initiale: l'unique plaisir de Mrs Hanson est compromis. Car dans son nouvel environnement professionnel, fumer relève de l'ordre de l'indécence. Cette nouvelle situation génère un sentiment d'inconfort et de frustration exprimé par le biais d'un champ lexical associé au manque, au désagrément voire au malaise.
C'est alors que le narrateur nous invite à suivre la protagoniste dans ses péripéties, ses pensées les plus intimes, ses tourments... Puis, changement de décor ! Surgissement d'un nouvel espace ! Une série d'événements ! Suspense ! Questionnements ! En effet, alors que Mrs Hanson recherche frénétiquement un lieu où fumer, loin des regards réprobateurs, la scène nous immerge à l'intérieur d'une cathédrale. La description de cet «édifice vertigineux» attribue au lieu une dimension solennelle, majestueuse et imposante. Le confinement de la protagoniste dans un espace sacré, lieu de culte, de recueillement qui évoque la méditation, la spiritualité, le rapprochement avec Dieu, le miracle divin peut être appréhendé comme le moyen par lequel l'auteur a voulu mettre davantage l'accent sur Mrs Hanson et les événements surnaturels qui surviennent dans cette cathédrale.
La chute de cette nouvelle qui propose un portrait psychologique du personnage principal crée de la surprise et incite au questionnement. En effet, Mrs Hanson a-t-elle réellement rêvé de la descente de la Madone sur terre ? Ce feu qui lui permet d'allumer sa cigarette, a-t-il une origine céleste ? Est-il associé à la puissance divine ? Est-il appréhendé comme le symbole de la sagesse, de la purification et du changement ? Et si le choix d'une église comme lieu de l'avènement d'un «miracle» était un prétexte pour extérioriser les préoccupations, voire les angoisses spirituelles, de l'auteur ?
Ma ville perdue, ou l'effondrement du mythe new-yorkais, est un texte écrit en 1932. Fitzgerald ancre l'action de son récit dans un lieu et une temporalité bien identifiés : New York des années 1914 à 1931. Narrée à la première personne du singulier, l'histoire met en scène un homme qui a une double fonction. A la fois personnage et narrateur, il livre sa vision de New York. Tout commence dans les années 1914. Le personnage narrateur est, à ce stade du récit, un «frais émoulu de la campagne», qui découvre l'énorme cité.
Dans ce premier mouvement descriptif de la ville, le personnage-narrateur se place dans une position de spectateur. Il regarde New York d'un œil à la fois extérieur, «inquisiteur» et ébloui. La précarité de son statut social est décrite par le biais d'un champ lexical qui renvoie à la pauvreté, l'extranéité, la difficulté de s'affirmer dans sa vocation d'écrivain puisqu'il se décrit comme un «raté, médiocre rédacteur publicitaire, incapable de prendre son envol d'écrivain».
C'est dans les années 1920, au lendemain de la Première Guerre mondiale, que le personnage narrateur, qui se définit comme «un pur produit de l'époque», expérimente son second rapport à New York. Décrite de l'intérieur, la ville est révélée selon une dimension duale. Elle est à la fois splendeur et solitude. «Ville de plaisirs», elle est décrite comme une immense scène où règnent les «amusements bachiques». C'est une «société de spectacles qui prend l'allure d'une énorme grange éclairée et inexploitée habitée, pourtant, par des personnes plutôt perdues et solitaires».
Les années suivantes, le personnage narrateur assiste au boom new-yorkais. La splendeur de la ville et le rythme de vie de ses habitants sont à leur paroxysme : opulence, hystérie, alcool, luxe. Un air de mystère et de promesse flotte sur cette ville à «l'esprit dérangé». New York devient son «port d'attache». En 1931, sa vision change. La ville promise devient «ville perdue». C'est ainsi qu'à la fin de ce récit, les lecteurs/trices assistent à l'effondrement d'un «édifice étincelant». Ils deviennent témoins de la disparition d'un mirage, comme si New York n'avait jamais existé, «sauf dans la mémoire» du personnage narrateur qui pourrait être l'alter-ego de Nick Carraway, le narrateur du roman The Great Gatsby.
Francis Scott Key Fitzgerald, Merci pour le feu, Editions de l'Herne, Collection Carnets de l'Herne. Paris, mai 2013, 108 p.


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