Le forum d'El Moudjahid a organisé, hier à Alger, une conférence sur la participation des Européens à la guerre de Libération (1954-1962). Rédha Malek, membre de la délégation algérienne lors des Accords d'Evian, a indiqué que «la Révolution était ouverte sur l'opinion internationale. C'est ce que lui a permis d'avoir un écho favorable, particulièrement dans l'opinion française». Il ajoute que «des Européens avaient des convictions anticolonialistes. D'autres se considéraient comme Algériens». De son côté, Ali Haroun, membre de la Fédération FLN historique en France, a évoqué de manière exhaustive son expérience : «En France, ce sont généralement des militants de gauche, des artistes et des hommes de lettres qui avaient compris l'injustice du système colonial, notamment lorsque des procès étaient intentés à l'encontre des militants du PPA-MTLD.» Outre le réseau de Francis Jeanson (les porteurs de valises) qui était largement connu, Ali Haroun a cité d'autres organisations de soutien au FLN. «En 1954, dès le début de la Révolution, des hommes ont pris des positions de principe. Les plus indignés étaient des communistes, des gens de gauche, des chrétiens en poste dans des églises. Mais au fur à mesure, ils ont considéré que les actions verbales étaient insuffisantes. Donc ils ont décidé de concrétiser ce qu'ils pensaient réellement. L'aide des Européens aux militants du FLN historique a commencé par l'hébergement, puis le transport et finalement le transfert d'argent collecté. La France a été divisée en plusieurs zones, en fonction de l'importance de la communauté algérienne. Des milliards étaient transférés. Et ce n'étaient pas les Algériens de type nord-africain qui pouvaient le faire», raconte le conférencier. Ali Haroun poursuit en mettant en relief le rôle d'Henri Curiel, fondateur du Mouvement anticolonialiste français. Ce dernier s'appuyait sur des banquiers parisiens qui s'occupaient des virements vers la Suisse. De là, le FLN distribuait l'argent selon les besoins des militants dans plusieurs pays, comme l'Egypte, le Liban, la Tunisie et le Maroc, où le MALG s'en servait pour acheter le matériel logistique. Enfin, Ali Haroun rappelle qu'«il y avait des réseaux partout en Europe. En Belgique, en Allemagne, au Danemark, en Angleterre... Des journaux étaient édités en langue locale. Ils reprenaient les activités du FLN et les communiqués déjà publiés dans El Moudjahid».