Les routes sont particulièrement embouteillées après le f'tour, les Algérois ont-ils renoué avec la vie nocturne ou s'agit-il d'une ambiance conjoncturelle qui disparaîtra à la fin du mois sacré ? Après une longue et éprouvante journée de jeûne, les familles habitant la capitale investissent le centre-ville, à la recherche d'un endroit idéal pour passer une bonne soirée. Les accès principaux d'Alger étouffent à cause des bouchons monstres qui commencent à se créer dès le début de la soirée. Les conducteurs, n'ayant plus, pour une grande partie d'entre eux, à supporter un manque de nicotine ou de caféine, patientent le temps que la voie se dégage. Les routes menant aux centres commerciaux ou encore aux structures abritant des animations ramadanesques sont particulièrement embouteillées. Les Algérois ont-ils renoué avec la vie nocturne, ou s'agit-il d'une ambiance conjoncturelle qui disparaîtra à la fin du mois sacré ? Bons tuyaux Pour le Ramadhan de cet été, les bonnes adresses ne manquent pas pour dénicher une table avec des gâteaux au miel et une ambiance féerique. En famille, ou entre amis, le choix s'offre entre les grands hôtels de la capitale qui, tous sans exception, ont «mis le paquet» pour rentabiliser ces moments uniques et offrir aux Algérois une ambiance. Disc-jockeys, chanteurs, groupes de musique et spectacles, les menus diffèrent entre Hilton, Sofitel, hôtel El Djazaïr, Le Moncada et les kheïmas, dont les concepteurs s'ingénient pour satisfaire les clients les plus exigeants. L'ambiance diffère, mais les coûts se ressemblent. Pour goûter aux délices de ces établissements, il faut prévoir entre 1000 et 1500 DA pour l'entrée, par personne. Certains établissements incluent les consommations dans le tarif d'entrée, d'autres les font payer à part. «Trop excessif comme tarif», juge Fatiha, la trentaine, femme au foyer qui propose un autre plan de «sahra» consistant à emmener gosses et belle-mère au parc d'attractions privé Dream Park, histoire de digérer le repas copieux, et faire vivre aux siens une «ambiance de jeunes». Il faut faire preuve de beaucoup de patience pour accéder à cet établissement situé à la Safex, aux Pins Maritimes, à une dizaine de kilomètres d'Alger-Centre. Des milliers de personnes – le nombre n'est guère exagéré – s'y rendent chaque soir. Les manèges qui sont régulièrement renouvelés attirent des adeptes. «C'est l'endroit préféré de mes enfants, c'est pourquoi nous venons souvent. Pour le Ramadhan, nous tenons à y venir chaque semaine en compagnie de nos neveux», explique une mère de famille qui tient la main de sa fille «qui risque de se perdre dans cette marée humaine». Le tramway desservant la localité facilite l'accès à cet endroit qui permet aux familles de s'amuser et de se «détendre moralement». Les frais d'accès à ces manèges impliquent l'achat d'un ticket de 200 DA. Les cinq jeux proposés peuvent être prolongés par d'autres tickets à raison de 50 DA par jeu. «C'est gérable», expliquent de nombreux chefs de famille. Les files d'attente devant les manèges et les vendeurs de boissons, glaces et autres friandises sont immenses. Les pères de famille sont appelés dépenser plus pour les gâteaux et les boissons et tentent de résister aux pleurs des plus petits devant les kiosques à jouets. Dans la commune de Bab El Oued, Le parc du Kettani, lui aussi, est pris d'assaut par les familles en quête d'un endroit pour le divertissement. Seul bémol, le manque d'espace de parkings qui contraint les automobilistes à faire, au préalable, plusieurs fois le tour de Bab El Oued pour trouver une place où garer avant de rejoindre le parc d'attractions qui brille de mille feux. Les familles s'installent face à la mer pour apprécier la fraîcheur nocturne qui leur fait oublier les longues heures jeûne. Faut-il être riche pour s'amuser ? Des femmes se sont installées sur un banc en béton. Cet espace public situé sur le front de mer de Bab El Oued est quasiment déserté par la gent féminine en dehors du mois de Ramadhan. Des pêcheurs et quelques badauds sont les seuls occupants, le reste de l'année. Des enfants y improvisent des terrains de foot. Cependant, les femmes ont accaparé cet espace public situé non loin du parc. Des paniers à la main, elles scrutent l'endroit avant de dénicher la place idéale pour s'installer. Les femmes y viennent accompagnées de leurs proches, des thermos de thé, des gâteaux, des boissons fraîches constituent le pique-nique nocturne qu'elles organisent «pour casser la routine qui s'est installée ces dernières années chez nous» et «faire renaître l'esprit de fête et de partage entre voisines et proches». Des éclats de rire fusent de ces tables improvisées. Même ambiance au niveau des tables des jardins situés entre les allées du parking du centre commercial Ardis, situé dans la commune de Mohammadia. Des familles sont attablées pour profiter de l'air marin. Des mets délicieux sont servis. Des théières et des thermos de café décorent ces tables. La plupart sont occupées par des femmes et des enfants. «C'est l'endroit idéal à mon avis. Tout est cher à l'intérieur du centre commercial, puisque l'espace est aménagé, et en plus sécurisé, nous avons eu l'idée de nous installer ici, en plein air», explique une mère de famille. Il est presque minuit. De ces tables choisies comme lieu de détente par des centaines de familles, on peut écouter de la musique qui provient de l'esplanade de l'aquaparc aménagé dans l'enceinte du centre commercial, où plusieurs programmes sont au menu spécialement pour les soirées de Ramadhan. Des chanteurs sont là pour animer la sahra. Des gens dansent et consomment. «Nous ne pouvons pas nous permettre des tickets d'entrée à 600 DA/personne, et puis leur thé servi dans des gobelets jetables ne me plaît pas tellement. Je préfère m'attabler ici avec ma famille, siroter mon thé préparé avec soin à la maison et déguster les gâteaux de mon choix», soutient une dame. Un enfant qui tient un cerf-volant demande à sa maman quand pourront-ils entrer au cirque. Le chapiteau du cirque Ammar est installé depuis le début de Ramadhan au parking d'Ardis avec une ménagerie variée (lions, tigres, otarie, zèbres et kangourou). Le cirque est une des plus belles attractions qui s'offrent aux Algérois, mais son tarif est jugé inaccessible (entre 900 et 1500 DA par personne, selon la place).