Des délégations étrangères de presque tous les pays du monde n'ont cessé, durant des décennies, d'affluer vers ce site pour évaluer les opportunités de réalisation d'un complexe sidérurgique, mais curieusement aucune n'a réussi à s'y implanter, sauf, peut-être les… Qataris. La première évocation de la zone de Bellara remonte au milieu des années 1970, à l'époque du défunt Président Houari Boumediene qui avait voulu doubler l'assise industrielle du complexe d'El Hadjar par une autre usine sidérurgique à implanter sur ce site dans la wilaya de Jijel. Quarante ans plus tard, le projet est toujours au stade des projections! Après toute cette longue période, la seule notoriété acquise par ce site est celle de l'échec. Devenu célèbre en Algérie, justement par les ratages qu'il n'a cessé de cumuler, il nourrit, cependant, quelques espoirs de relance économique dans cette wilaya. Aux dernières nouvelles, l'on nous indique que rien n'est encore officiel concernant ce projet, dont la réalisation a été confiée, il faut le rappeler, à une société mixte algéro-qatarie. Les termes de l'accord signé à cet effet portent sur la réalisation d'un complexe sidérurgique de 5 millions de tonnes par une société, détenue à 51 % par Sider et le fonds national des investissements, et 49% par les Qataris. Selon les prévisions annoncées, l'on table sur la création de quelque 2000 emplois directs et 10 000 autres indirects pour une capacité de production de 2 millions de tonnes dans la première phase de ce projet. A l'approche de la date butoir du délai du début de sa réalisation, fixé pour la fin de l'année en cours, un certain flou entoure de plus en plus le sort réel de ce complexe. Et pour cause, l'on laisse entendre déjà que le site de Bellara ne serait pas concerné par la visite du Premier ministre qui devra le conduire ces jours-ci à Jijel. L'exclusion du programme de cette visite de cette zone, si elle se confirmait, pourrait bien être un signe qui ne trompe pas sur d'autres péripéties qu'aurait à prendre ce projet. Par le passé, la zone de Bellara a connu bien des déboires avant que les Qataris n'arrivent pour se voir remettre le cadeau, comme cela a été évoqué par des médias algériens, de réaliser un investissement de deux milliards de dollars en Algérie par le bais de son implantation à Bellara. L'on est même allé jusqu'à s'interroger sur le pourquoi de la venue des Qataris alors que l'Algérie affiche une solide santé financière par les 280 milliards de dollars de ses réserves de change. Ce projet, qu'aucune annonce officielle n'est venue remettre en cause, aurait pu, suppute-on, être attribué à Rebrab qui a émis le vœu, lors d'une visite à Jijel, en 2010, de réaliser un complexe sidérurgique de la même envergure. Pour des raisons qui demeurent inconnues, son vœu n'a pas être pris au sérieux. Cependant, et au-delà de ces interrogations, c'est toute la crédibilité des pouvoirs publics par rapport à la réalisation d'un pareil investissement à la zone de Bellara qui risque de subir des contrecoups vis-à-vis de l'opinion publique locale en cas d'un autre échec. Depuis la première usine annoncée sous l'ère Boumediene et les grands travaux d'aménagements et de terrassements du vaste terrain de Bellara, engagés au milieu des années 1980 à l'époque de Chadli, jusqu'à la zone franche, le projet phare de l'ère Zeroual, pour enfin aboutir à la zone industrielle sous la gouvernance de Bouteflika, ce site est resté vierge de tout investissement. Des délégations étrangères de presque tous les pays du monde sont venues sur place pour tâter les opportunités d'investissement qu'offre ce site, mais aucune partie n'a été en mesure de concrétiser le projet pour lequel elle est venue. Le constructeur Renault est aussi passé par là avant de lancer sa fameuse sentence par laquelle il a fait savoir que la région est trop dépourvue des commodités de base pour pouvoir lancer son investissement. Avant lui, l'on avait promis un complexe d'aluminium à réaliser en partenariat ave des Emiratis, des complexes sidérurgiques avec le concours des Egyptiens et d'ArcelorMittal et bien d'autres projets restés tous à l'état de chimère. Pour l'histoire, Bellara n'est aujourd'hui rien d'autre qu'un vaste terrain de 523 ha qui tire son nom d'un valeureux martyr de la région. Implanté dans le territoire de la ville d'El Milia sur les rives de Oued Rhumel, il est cerné par un mur de 14 km, démoli dans plusieurs de ses parties à la suite de l'abandon des lieux livrés depuis à toutes formes de pillage. Ses infrastructures, formés principalement de blocs construits pour les besoins des services… de douanes au temps où l'on a annoncé la réalisation d'une zone franche, ont été pillées. Les mêmes blocs qui devaient servir de sièges à la police, à la Protection civile et à bien d'autres services ont subi le même sort. Il n'y a pas si longtemps, des voleurs se sont introduits de nuit dans les lieux pour emporter avec eux une soixantaine de portes et de fenêtres! Resté en jachère, le terrain est, lui, devenu un vaste pâturage qui s'est avéré être d'une grande utilité pour les riverains qui y trouvent bien leur compte pour faire paître leur bétail. Outre cette vocation, il est aussi l'endroit préféré des sportifs et des amateurs de football et de footing qui s'y réunissent pour s'adonner à leurs hobbies. Après les lourdes dépenses consenties tout au long des dernières décennies pour aménager ce site, le constat est celui d'un cuisant échec qui a accompagné toutes les promesses annoncées.