Malgré tous les documents en sa faveur, la famille de Mme Sabeha se retrouve à la rue. La justice algérienne est-elle au-dessus de tous ou ne sert-elle que les intérêts de quelques-uns ? Telle est la question que se posent Mme Sabeha et sa famille, engagées dans un combat contre un Goliath, haut magistrat à l'intérieur du pays. Cette famille vit depuis l'année 1963 dans un appartement à Jolie Vue, un bien vacant. Mais elle vient de se voir signifier son expulsion. Pourtant, l'acte de propriété est établi en bonne et due forme par les autorités compétentes au nom de la famille Sabeha, et ce, après que cet F4 fut racheté auprès de l'OPGI. Le père du magistrat en question avait occupé cette habitation en 1962 durant deux mois seulement. Mais, en 1992, il obtient une décision de justice par contumace, qui ordonne à la famille locataire de quitter les lieux. Depuis, c'est à une rude lutte que se livrent les membres de cette famille afin de faire valoir non seulement leurs droits, mais aussi et surtout de faire appliquer la loi. «Nous avons frappé à toutes les portes et écrit à toutes les compétences possibles. Et, au regard du dossier et des documents que nous détenons, ils sont tous unanimes : la loi est de notre côté», relate Mme Sabeha. «Lorsque nous avons appris à qui nous avions affaire, j'ai eu l'impression que le ciel m'était tombé sur la tête. Et c'est là que nous avons compris les raisons de ce revirement de la justice», poursuit-elle. «Nous ne savons plus à quel saint nous vouer, car les voies légales et réglementaires sont inefficaces ou indifférentes, et ce, même quand la justice et les lois sont manipulées par des personnes sans scrupules», conclut-elle.