Le centre culturel M'hamed Yazid de la ville d'El Khroub a abrité durant le week-end dernier un événement artistique de taille, mais qui passera presque inaperçu. L'exposition des œuvres artistiques du céramiste algérois, Mohamed Boumehdi, est une première que le conseil consultatif culturel et l'APC d'El Khroub comptent à leur acti, puisque l'artiste, âgé de 80 ans, demeure une référence pour les céramistes algériens. Mohamed Boumehdi, issu d'une famille blidéenne, s'est installé depuis une quarantaine d'années à Kouba, qu'il n'a jamais quittée et où il fréquente toujours son atelier. L'artiste connut le virage qui bouleversera sa carrière lorsqu'il rencontra le fameux architecte français, Fernand Pouillon, en 1966. Postier le jour, céramiste la nuit, Boumehdi accomplissait des travaux de restauration avec une passion inégalable et une dextérité qu'il apprendra à développer durant des années d'apprentissage chez les vieux maîtres dans une usine de céramique qu'il fréquenta dans les années 1940 après avoir quitté l'école avec un certificat de comptabilité. Une complicité professionnelle légendaire naîtra pour durer longtemps entre Boumehdi et Pouillon. Le premier sera ainsi l'habilleur des œuvres architecturales du Français arrivé en Algérie en 1965 et qui marquera d'ailleurs de son empreinte la belle époque du tourisme algérien, grâce à la réalisation des sites touristiques de Moretti, Zéralda, Sidi Fredj et Tipaza. Boumehdi décidera d'abandonner son travail à la poste pour se consacrer pleinement à son art, surtout avec l'ouverture de son atelier à Kouba avec un four, un petit groupe de jeunes apprentis et un outillage rudimentaire. Ses plus belles réussites auront pour sites l'hôtel El Djazaïr (ex-Saint Georges), la basilique Notre-Dame d'Afrique, l'église de Diar El Mahçoul transformée en mosquée, où il recevra le titre de « carreleur du ciel » pour la parfaite qualité de son travail accompli sur le minaret et qui épousera le bleu du ciel. Après vingt ans de coopération avec Pouillon, Mohamed Boumehdi se consacrera pour son atelier modeste et paisible de Kouba pour en faire une véritable école pour de nombreux céramistes, alors que le lieu qui sera une destination préférée des touristes est bien pris en charge par une relève bien assurée. Mohamed Boumehdi, qui continue toujours de créer, même s'il n'est pas encore prophète en son pays, mérite bien d'être revisité. L'initiative du conseil consultatif culturel de la ville d'El Khroub est à saluer même si l'événement a été de courte durée. On espère bien une récidive que le public accueillera, sûrement, avec enthousiasme.