Funèbre destin que celui de Machroum Ahmed, jeune Algérien tué au Yémen par des rebelles houthistes. Ahmed avait 27 ans et suivait des études en sciences islamiques à Saâda, une ville du Nord qui n'a jamais aussi mal porté son nom. Les houthistes, du nom de ces insurgés zaydites, branche du chiisme, se battent contre le gouvernement depuis 9 ans et ont tiré avec un lance-roquettes sur un centre d'études salafistes où se trouvait Machroum Ahmed. Si c'était permis, on pourrait ironiser sur le destin d'un jeune homme qui a échappé au hittisme dans son propre pays pour être pris pour cible par des houthistes à des milliers de kilomètres de chez lui. Mais qui sont-ils ? Marginalisés et minoritaires, les houthistes sont qualifiés, par le régime sunnite, d'apostats et d'extrémistes, pendant que ceux-ci accusent le gouvernement d'être inféodé aux Américains et aux Saoudiens qui, à travers leur franchise Al Qaîda Yémen, sème désordre et confusion dans le pays. Les houthistes tirent leur nom de Hussein Al Houthi, leur chef historique, un député qui a mené la fronde antigouvernementale contre la mainmise américano-salafiste sur le Monde arabe avant d'être abattu par les forces de sécurité en 2004. Depuis, les houthistes se battent contre les salafistes, armés et dirigés par les Saoudiens. Et on ne sait pas trop contre quoi se battait Machroum Ahmed, simple étudiant dans une école salafiste. Mais quel rapport entre les hittistes et les houthistes ? En réalité, il n'y en n'a pas. Les hittistes ne sont pas dans la rébellion, ne se battent ni contre le gouvernement ni contre qui que ce soit, à part le temps. Les hittistes sont majoritaires mais ne sont armés que de mauvaises intentions, ne peuvent être apostats puisqu'ils ne croient en rien et ne sont ni sunnites ni chiites. Leur destin ? Les hittistes n'entreront en dissidence que le jour où le gouvernement tuera l'un de leurs murs.