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Nicolas Beau : «Les médias traditionnels ont toujours un rôle déterminant»
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Publié dans El Watan le 11 - 12 - 2013

Rencontré à Tunis en marge du 6e Forum sur la presse arabe indépendante, organisé par Wan and Ifra, du 24 au 26 novembre, Nicolas Beau, Rédacteur en chef du site Mondeafrique.com, a bien voulu livrer aux lecteurs d'El Watan son expérience. Ayant exercé pendant des années dans la presse traditionnelle (le Canard enchaîné) avant d'investir la presse électronique en lançant le site Bakchich, fermé en 2011, il revient ici sur les avantages et les dangers du Net. Selon lui, autant le web ouvre de nouvelles fenêtres pour l'information, autant il constitue un danger. Le souci de créer le buzz, précise-t-il, oblige les journalistes travaillant dans ces sites à commettre des erreurs irréparables.
- Le site Bakchich, que vous avez lancé, a été fermé en 2011. Actuellement, vous tentez une autre expérience avec Mondeafrique.com. Quelles sont les raisons qui ont conduit à la fermeture de votre premier site ?

J'ai eu l'idée de lancer le site avec quelques étudiants de l'école du journalisme à qui j'ai donné des cours sur l'enquête et l'investigation. J'ai commencé cette expérience tout en étant toujours au Canard enchaîné. L'expérience m'ayant bien plu, j'ai quitté alors le Canard enchaîné pour rejoindre mes étudiants. Nous étions trois au début puis nous avons étoffé l'équipe pour terminer en 2011, au moment du dépôt du bilan, à 15. Le site a duré pendant cinq ans. Au début, on a eu une idée très ambitieuse : publier des informations qu'on ne trouvait pas ailleurs.
On a réussi partiellement. Nous étions subventionnés par les mécènes qui ont cru, durant ces années-là, à ce type d'expérience parce qu'ils pensaient que la presse française s'était endormie et que ces petits sites allaient la réveiller. Du côté des financiers, nous n'avions pas de contrainte, nous étions libres d'écrire ce qu'on voulait. On a eu certes très peu de publicité, mais on avait une vraie indépendance. La difficulté c'est qu'on était une équipe très jeune. On était certainement moins performants que Mediapart, mais malgré tout, on a réussi très vite. C'est ça le plus grand avantage. Il permet de créer une marque associée à une idée de rédaction qui n'a pas froid aux yeux et est capable de dénoncer tout le monde, que ce soit à gauche ou à droite. Cela nous a permis d'avoir des contacts, des gens qui ont du mal à faire sortir des informations ailleurs.

- Quelle est la différence entre la presse traditionnelle et la presse électronique ?

Internet est une arme à double tranchant. C'est vrai qu'on n'a pas besoin de passer par l'impression, la distribution et toute les lourdeurs de la presse écrite, mais c'est un média qui pousse un peu au crime, à l'emballement, car il faut aller vite et créer le buzz.
On a commis forcément des erreurs en donnant des informations trop vite ; on a publié des informations erronées et on a eu des procès parce qu'on manquait de preuves. En plus, au bout d'un moment, les mécènes qui nous finançaient sont partis.
Nous avons dépensé en 5 ans environ 5 millions d'euros et nous n'avons pas trouvé de ressources alternatives. C'était très difficile de passer au modèle payant, car d'abord le public de Bakchich était habitué à la gratuité et que la culture de la gratuité est très forte sur le web. Il faut à l'avenir penser aux sources de monétisation et comment gagner de l'argent. La force du Net, c'est de créer une marque. Il faut être connu, avoir une marque et une visibilité. A ce moment-là, on peut faire des alliances avec des gens qui ont besoin de cette visibilité.

- Comment faire pour avoir d'autres sources de financement pour les journaux et les sites d'information ?

Il faut faire comme font, par exemple, les producteurs du cinéma. Il y a toujours des produits dérivés autour du produit central. Il faut que les journalistes acceptent aussi que leur notoriété puisse servir à vendre d'autres produits touristiques, culturels et de faire des partenariats. Le journal Libération, qui a beaucoup de difficultés en ce moment, gagne une partie de ses revenus grâce à l'organisation de colloques un peu partout, dans toutes les villes de France, sur des thèmes très variés. Le site Rue89 fait de la formation. Mediapart aussi. Il faut accepter d'aller au-delà de l'image qu'on a actuellement de la presse.

- Quand on est obligé d'aller chercher des financements ailleurs, est-il possible de préserver sa neutralité et son indépendance ?
Moi, je ne dis jamais que nous étions des sites indépendants, mais des sites autonomes. Plus on trouve des sources de financement, plus on est confrontés au même problème que la presse écrite : l'indépendance face au pouvoir et aux annonceurs. Il ne faut pas mythifier l'information sur internet. L'information suppose un travail qui doit être fait par des journalistes grâce à des financements. Il ne faut pas aller loin dans l'illusion que des citoyens blogueurs ou autres vont fabriquer l'information. Eux fabriquent des témoignages et des débats libres et ils nous obligent à être confrontés à notre public. Et cela est positif. Car on a des lecteurs qui se rappellent à nous grâce à internet.
Le Net est aussi une piqûre de rappel pour nous et c'est très positif. Car il nous indique ce qui marche et ce qui ne marche pas. Mais le Net n'a pas révolutionné l'information. On a découvert avec Bakchich, par exemple, que pour être bien référencié, il faut tomber dans la répétition. Le temps passé par l'internaute sur les sites va de 5 secondes à 4 minutes pour les grands sites comme lemonde.fr. Il ne faut pas tomber dans l'illusion quand on a un nombre important de visites. L'autre effet pervers du Net est que les gens vont beaucoup plus vers, par exemple, la maladie de Bouteflika ou les amours de Hollande avec sa compagne que vers les véritables problèmes comme le logement social dans les banlieues. Avec internet, il y a beaucoup plus un côté illusoire. En termes de production de l'information, la presse, la radio, la télévision et les agences de presse jouent encore un rôle très déterminant. De plus, la publicité qui quitte la presse écrite n'est pas récupérée par les sites internet, qui coûtent encore de l'argent aux journaux.

- Pourquoi alors lancer Mondeafrique.com ? Comment allez-vous faire pour le rentabiliser ?

Mondeafrique.com est un site qui touchera à toutes les problématiques communes à la région du Maghreb et du Sahel. Il sera alimenté,
beaucoup plus, par des journalistes et des universitaires. C'est un petit site, avec peu de moyens. D'ailleurs, aujourd'hui, il y a des gens qui m'aident pour lancer le site, mais dans six mois je ne sais pas comment va évoluer la situation.


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