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Le policier existe dans la tête des gens du théâtre
CHAWKI BOUZID. Dramaturge et comédien
Publié dans El Watan le 03 - 01 - 2014

Chawki Bouzid, dramaturge algérien, revient avec une nouvelle pièce de théâtre, le bourreau des mots, présentée à l'occasion du 5e Festival national du théâtre amazigh de Batna. El Watan week-end est parti à sa rencontre pour l'occasion.
- Le bourreau des mots est votre nouvelle pièce jouée en tamazight au 5e Festival national du théâtre amazigh de Batna. Qu'est-ce qui vous a plu dans le texte de Lazhar Belferag inspiré de la pièce du dramaturge suisse Friedrich Durrenmat, Entretien nocturne avec un homme méprisé ?

Ce qui m'a plu dans ce texte est le fait qu'un homme attende sa fin. Il est là, zen, propose même sa propre fin, ne veut pas mourir sans le savoir, choisit le tueur. Il refuse le premier, car il n'a aucune philosophie, aucun sens de la vie. Il préfère que le tueur soit son égal. Je connais la pièce radiophonique de Durrenmat. Un texte plat avec beaucoup de dialogue n'aide pas le metteur en scène à mieux s'exprimer, mais la manière avec laquelle Belferag a proposé le nouveau texte inspiré de cette pièce m'a captivé.

- La pièce est un réquisitoire contre l'oppression…

Oui. Plusieurs personnes ont essayé de faire taire le poète égyptien Ahmed Fouad Najm. Le poète continuait d'écrire et de vivre parmi les petites gens. Le jour de sa mort, l'ensemble du monde arabe a réagi. Où sont donc passées les personnes qui ont tenté de réduire au silence le poète ? Elles ont échoué. On ne ligote pas une idée saine et propre. Dans le prospectus de la pièce Le bourreau des mots, j'ai fait une dédicace à Tahar Djaout, Saïd Mekbel et El Hachemi Saïdani. Saïdani a été assassiné autrement. On lui a tout fermé au visage. Je peux évoquer aussi Merzougui Cherif, un artiste peintre de Batna. Ils ont tout fait pour le mettre dans un espace étroit. Cherif est décédé après avoir perdu la vue. Cela fait mal. Nous vivons dans une société avec des idées mesquines. D'où le combat mené contre les idées nobles.

- Que reste-t-il des martyrs des années 1990 ? Leur a-t-on rendu l'hommage qu'il faut ?

Saïd Mekbel disait : «Je reviens chez moi en marche arrière pour que celui qui va me tuer ne sache pas si je pars travailler ou je rentre à la maison !» Quelle force ! Ton ennemi ne respecte pas l'idée, mais toi tu insistes. Tu le fais pour moi, mes enfants, les autres… Les intellectuels tués dans les années 1990 auraient pu se taire, raser les murs et dire que tout va bien. Ils ont payé pour avoir dit «non !». Que dois-je faire pour ces gens-là ? Essayer de continuer le combat dans mon domaine. J'ai la scène. Donc, dans mes pièces, je peux rendre hommage à toutes ces personnes mortes pour leurs opinions. Dans la pièce Bourreau des mots, l'assassin des mots finit par se suicider…

- Justement, qui peut être «le bourreau» des mots aujourd'hui ?

Cela peut être un administrateur, un homme au pouvoir, un homme d'affaires, un homme fort physiquement, un homme de religion. Dans le premier tableau de la pièce, il y a un personnage religieux. A vingt ans, j'avais lu un roman de Hanna Mineh (romancier syrien, ndlr). Les mots qu'il utilisait m'avaient choqué. Ce n'est que plus tard que j'ai compris qu'il fallait prendre certaines expressions comme une image. J'ai relu le roman et j'ai redécouvert la beauté du récit. Je me demande toujours pourquoi Hanna Mineh n'a pas obtenu le Nobel de la littérature. J'ai lu Naguib Mahfoud (prix Nobel de la littérature en 1988, ndlr) et Mustapha Manfalouti, mais Hanna Mineh, c'est un autre niveau d'écriture.

- Peut-on dire certains mots dans le théâtre algérien ?

Le théâtre algérien veut représenter sa société, mais a honte de cette société. Le théâtre en Algérie n'est pas intellectuel. Que va-t-il proposer à la société ? Tout art a une loi. Le théâtre, chez nous, n'a aucune loi. Tout le monde peut être acteur, metteur en scène, scénographe, compositeur… Cet art noble est mal mené en Algérie. J'ai rencontré Alloula et Medjoubi par le passé. Ils avaient des choses à proposer, s'intéressaient aux agents. Aujourd'hui, nous avons des acteurs, pas des artistes. Ils n'ont aucun courage. Certains tentent de résister. D'autres font de la prostitution…

- Vous ne semblez pas croire aux coopératives de théâtre…

Au final, c'est l'Etat qui donne l'argent. Où est l'indépendance ? Cela dit, je ne sens pas avoir un policier dans mon dos lorsque je monte une pièce. Le policier existe dans la tête des gens du théâtre. L'anti-liberté est en eux ! Je parle de certains d'entre eux. Le bourreau des mots est un spectacle osé politiquement parlant. Personne n'est venu me dire pourquoi tu as fait ceci ou cela. Donc, pourquoi ces gens du théâtre n'osent pas ? De quoi ont-ils peur ? Certains sont lâches, d'autres faux. L'autocensure a atteint des niveaux inquiétants. En 2006, j'ai monté la pièce El imbrator. On m'a demandé de supprimer une réplique «aâger» (stérile). J'ai refusé ! Certains ont pensé que je faisais allusion à une personnalité politique. Or, ce n'était pas du tout le cas. J'évoquais la stérilité intellectuelle. Le jour de la représentation, cette réplique a disparu. J'ai été trahi par mes propres comédiens ! Ils ont trahi le texte de Larbi Boulbina aussi. Ils avaient peur, ils m'ont dit qu'ils ne voulaient pas prendre de risques. Fawdha al abouab, une autre pièce de théâtre que j'ai mise en scène, a été enfermée dans les tiroirs après avoir été jouée et eu un succès auprès du public. Cette pièce n'avait rien de politique. Je crois que ce n'est pas lié à la censure, mais à mon nom. Certains veulent étouffer Chawki Bouzid. Cela a commencé en 2010 avec la mise à l'écart de la pièce El Hachamine.

- Et pourquoi veut-on vous étouffer ?

Je refuse de m'incliner à l'administration du théâtre. Pour moi, l'administration est là pour que l'art s'épanouisse. Elle n'est pas là pour donner des ordres. Je monte un spectacle, on me donne de l'argent. Point. C'est l'argent du contribuable. Finalement, personne n'est producteur. Cela dit, je ne monte pas des spectacles qui vont à l'encontre de la nation, de son histoire ou qui portent atteinte au pays. Mais si je dois dire les choses telles qu'elles le sont, personne n'a le droit de m'empêcher de le faire. Ils ne veulent pas que je négocie pour mes comédiens. Souvent, ils leur donnent des cachets minables. 120 000 DA est un cachet très faible pour un travail de deux mois de répétition et 30 spectacles. Avec un petit calcul, on constate que le comédien gagne à peine 5000 DA par mois ! C'est de l'esclavage. Il faut tout revoir au théâtre, pas seulement les cachets. Il faut adopter une loi claire, valable pour les théâtres régionaux. Il faut sortir de la logique du chiffre. Les créateurs ne sont pas des chiffres… La nomination d'artistes à la tête des théâtres régionaux n'a pas forcément amélioré la situation. Je n'ai pas de réponse à cette situation. Certains artistes draguent les responsables : «Je te fais ce travail et la prochaine fois tu m'appelles.» Ils ne prennent aucun risque, font ce qu'il faut faire.

- Qu'en est-il des metteurs en scène ?

Les metteurs en scène doivent savoir que toute une société leur fait confiance. Elle est derrière eux. Le public vient assister aux spectacles. Ce qui signifie qu'on lui prend une heure de sa vie. Ce n'est pas rien. On doit proposer aux gens qui se déplacent au théâtre quelque chose qui soit à leur hauteur. Si je me réfère à certaines pièces que j'ai vues, j'ai comme l'impression qu'on est en train de gaspiller de l'argent. Ce n'est pas le cas pour tout ce qui est produit au théâtre, bien sûr. Ce qui ne me plaît pas souvent, c'est qu'on ne donne pas à l'idée sa propre valeur dans les spectacles présentés sur les planches. Par ailleurs, il n'y a pas suffisamment de critique théâtrale en Algérie. J'ai proposé la création d'une revue mensuelle de critique théâtrale. Ce support pourra améliorer les choses à moyen terme. Même les débats d'après le spectacle ont disparu. On a tout fait pour que cette tradition cesse. De la sorte, tout le monde peut montrer des spectacles sans aucune remise en cause. Je me demande comment certains étudiants sont entrés à l'Institut des arts dramatiques pour devenir des comédiens.

- Comment le choix est-il fait ?

Vous ne croyez pas à la thèse de «la crise» de texte dramatique en Algérie…
Nous n'avons pas de crise de texte en Algérie, mais je pense qu'il faut créer une banque. Une banque de textes au niveau du ministère de la Culture et au niveau de chaque théâtre régional. Nous avons peu de dramaturges. D'où le grand intérêt pour l'adaptation parce que l'architecture dramatique existe déjà. Il est évident qu'il est difficile d'écrire pour le théâtre. Je n'ai jamais monté un texte que je n'aimais pas. Avant de dire non à un texte, je relis toujours en essayant de lui trouver des aspects qui peuvent être intéressants. Le choix d'un texte est toujours motivé par ce qu'on vit actuellement. Même si la structure dramatique est faible, je peux accepter un texte actuel, réel. Je n'aime pas écrire, je préfère la mise en scène. A travers la mise en scène, je fais une réécriture du texte grâce aux lumières, aux costumes, aux comédiens, à la scénographie…


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