Redha Hemche, l'ancien chef de cabinet du PDG de Sontrach, inculpé, au même titre que 21 autres personnes par le juge d'instruction en charge de l'affaire Sonatrach, lui aussi sous le coup d'un mandat d'arrêt international pour corruption présumée, risque-t-il d'être extradé vers l'Algérie ? «Extradé», car M. Hemche, considéré comme le chef d'orchestre du système de collusion internationale mis en place par Chakib Khelil et Farid Bedjaoui, le «facilitateur» incontournable dans la chasse aux contrats internationaux, avait quitté l'Algérie vers la mi-2009. La ville suisse de Montreux est, depuis, sa nouvelle résidence. Quelles étaient les raisons derrière ce qui semble être un exil forcé ? Grâce à des complicités au plus haut sommet du cercle décisionnel, M. Hemche, proche parent de Chakib Khelil, avait été exfiltré d'Algérie juste après le début des auditions par le Département du renseignement et de la sécurité (DRS) de plusieurs cadres dirigeants autour de divers contrats douteux conclus entre Sonatrach et de grandes multinationales. Cette curieuse coïncidence, M Hemche croyait pouvoir l'expliquer en «faisant valoir son droit à une retraite anticipée pour pouvoir rejoindre son épouse hospitalisée à Genève aux frais de… Sonatrach, International Holding Corporation sa filiale de Lugano (Suisse), apprenaient des médias hexagonaux et italiens, s'appuyant sur des témoignages recueillis auprès de certains de ses anciens collègues, aux yeux desquels les commanditaires de ce départ précipité cherchaient à se protéger. Le meilleur moyen d'y parvenir étant de le soustraire aux questions des limiers du DRS. Mais, son exil dans le pays de la garantie et la sécurité absolues est-il susceptible de le mettre à l'abri d'une éventuelle extradition ? Les avis, à ce sujet, divergent d'une source à une autre. A en croire certaines d'entre elles, force est d'en douter : «L'accord algéro-suisse relatif à l'entraide judiciaire ne comprend pas l'extradition. Et, avant de décider de son exécution, l'OFJ qui est la première autorité en matière d'entraide en Suisse examine si la requête en termes relatifs satisfait aux exigences formelles des lois suisses et qu'elle est conforme au contenu de l'accord», a-t-on précisé. Point de vue que Me Messaoud Mentri semble ne pas partager : «Dans les affaires où il est question de délits de niveau suprême ou de grands crimes tels que le terrorisme, le trafic de stupéfiants, la corruption ou le blanchiment d'argent, la coopération judiciaire interétatique est automatique. Il n'est donc pas nécessaire que les pays soient au préalable liés par un accord d'entraide judiciaire portant sur l'extradition.» Autre point de vue, autres dimensions : «Les procédures d'extradition liées aux poursuites pénales apolitiques au Canada, aux USA, en France, au Royaume-Uni ou en Suisse sont régies par des règles très complexes et obéissent à des considérations qui ne sont pas nécessairement d'ordre juridique. Dans des affaires de l'envergure de celle de Sonatrach, la diplomatie peut jouer un rôle déterminant. Le côté politique dans de telles affaires l'emporte sur toute autre considération. Mais, il ne faut pas perdre de vue que nous sommes en face de puissants Etats (USA, Canada, France, Italie et Suisse) qui peuvent changer d'avis à tout moment en trouvant toujours une excuse valable», soutient, quant à lui, le juriste Kamel Rahmaoui. Partant, la question de savoir si Redha Hemche sera ou ne sera pas livré par les autorités suisses reste entièrement posée. Pour plusieurs observateurs, l'extradition de Redha Hemche n'est pas, pour l'instant, à l'ordre du jour de la coopération entre Alger et Berne. La priorité étant consacrée à Riadh Benaïssa, l'un des maillons forts de l'affaire SNC Lavalin-Sonatrach. Son rapatriement au Canada où il est attendu pour répondre des actes dont il est accusé : fraude, complot pour fraude, fabrication de faux, fraude envers le gouvernement, commissions secrètes et recyclage des produits de la criminalité, précisent-ils, se traduirait, pour la justice algérienne, par d'incontournables longues et complexes nouvelles procédures avec ce pays (Canada). D'autant plus que la Suisse vient de donner son feu vert pour son extradition vers Montréal, mais pas avant la fin des procédures judiciaires ouvertes à son encontre sur le territoire helvétique pour escroquerie, corruption et blanchiment d'argent, en lien avec des projets africains.