Les tractations n'ont pas cessé en Tunisie en vue de rapprocher les belligérants de la scène politique libyenne. Tunis De notre correspondant Le récent passage à Tunis de l'envoyé spécial des Nations unies en Libye, Tarek Mitri, n'est pas passé inaperçu, surtout qu'il a coïncidé avec les visites de l'islamiste libyen Ali Sallabi et du leader de Zintane, Abdallah Naker. Les dirigeants politiques libyens se sont tournés, ces derniers temps, vers la Tunisie pour s'inspirer de son expérience de sortie du blocage politique, à travers un dialogue national et une issue consensuelle. Et même si la situation libyenne n'est pas similaire à celle de la Tunisie en raison de la prolifération des armes en Libye, «les Libyens n'ont pas d'issue autre que le consensus», affirme le leader de Nidaa Tounes, Béji Caïd Essebsi, dont le gouvernement transitoire a apporté, en 2011, un appui à la révolution libyenne, notamment à la tribu de Zintane dans sa lutte contre l'armée d'El Gueddafi, ce qui n'a pas été oublié par les Libyens. A la recherche de cette voie consensuelle, l'envoyé spécial des Nations unies pour la Libye, Tarek Mitri, a surtout rencontré les deux chefs d'orchestre du Dialogue national en Tunisie, le leader du parti islamiste d'Ennahdha, Rached Ghannouchi et le chef de file de l'opposition démocratique, Béji Caïd Essebsi. Ces deux leaders ont été les artisans de la feuille de route du Dialogue national qui a abouti à la Constitution consensuelle et à l'installation d'un gouvernement de compétences nationales. Dans le même ordre d'idées, le leader islamiste libyen, proche du Parti de la justice et du développement, Ali Sallabi, et le leader de la tribu de Zintane, Abdallah Naker, ont rencontré cheikh Rached Ghannouchi, en vue de s'inspirer de l'expérience tunisienne en la matière, quoique Naker n'est pas considéré comme un représentant officiel de la tribu guerrière de Zintane. Depuis l'échec du congrès international sur la Libye, tenu le 6 mars à Rome, en présence pourtant de John Kerry et Sergeï Lavrov, les tractations n'ont pas cessé en Tunisie en vue de rapprocher les belligérants de la scène politique libyenne. Congrès en vue La diplomatie et les leaders politiques tunisiens d'envergure internationale, notamment Rached Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi, ont multiplié leurs contacts afin d'aider dans ce sens. Chaque clan essaie d'exploiter ses relations en vue de tenir un congrès du Dialogue national libyen en Tunisie. Les Tunisiens essaient de réunir sur leur sol un congrès de réconciliation nationale libyenne, intégrant même des représentants du régime d'El Gueddafi, dans la lignée du congrès de Rome. Dans cet esprit, l'ex-représentant de la Libye aux Nations unies, Abderrahmane Chalgham, a été invité en Tunisie par cheikh Rached Ghannouchi, en vue d'exprimer l'avis d'une partie des belligérants sur l'issue négociée de la crise. De son côté, Béji Caïd Essebsi est entré en contact avec Mahmoud Jibril, le leader de l'Alliance des forces nationales en Libye, en vue de le convaincre de ce processus concerté pour sortir de la crise. Pour le politologue Néji Jalloul, «les coulisses bougent ces derniers temps en Tunisie, notamment dans les grands partis politiques, Nidaa Tounes et Ennahdha, pour faire passer à l'Occident un message signifiant que la Tunisie a des capacités pour éviter à la région un embrasement néfaste, si la Libye plonge dans le chaos». «Les Tunisiens veulent montrer que leur proximité avec les Libyens et les liens historiques et culturels forts peuvent les aider à réussir là où les autres diplomaties ont échoué», conclut l'universitaire.