Le manque d'aération, la défectuosité des cheminées des immeubles et la mauvaise qualité des appareils de chauffage sont les principales causes de l'hécatombe. Le monoxyde de carbone vient de faire 4 nouvelles victimes à Sétif. Quatre habitants de la cité Louktaret, à Aïn Kebira (chef- lieu de daïra situé 32 km au nord-est de Sétif) : une mère (60 ans) et ses deux garçons âgés de 26 et 30 ans et une parente, une jeune femme de 24 ans, ont péri dans la nuit de vendredi à samedi, suite à l'inhalation de monoxyde de carbone. Alors que deux autres membres de la famille décimée, deux jeunes hommes, ont été évacués vers le CHU du chef-lieu de wilaya dans un état grave. Ce terrible drame qui frappe une petite famille s'ajoute aux 12 décès enregistrés dans cette wilaya durant les trois premiers mois de l'année en cours. Le monoxyde de carbone a donc, du 1er janvier au 5 avril 2014, tué 16 personnes à Sétif. Ce sinistre bilan dépasse de loin les homicides enregistrés dans différents coins des Hauts-Plateaux sétifiens durant les trois dernières années (4 décès en 2011, 5 en 2012 et 5 en 2013). Pour de nombreux initiés, le manque d'aération, la défectuosité des colonnes montantes (cheminées) des immeubles, la mauvaise qualité des appareils de chauffage, la disparition des ramoneurs chargés dans les années 1970-1980 de l'entretien et la réhabilitation des cheminées des bâtiments sont les principales causes de l'hécatombe qui continue à endeuiller une catégorie d'Algériens, victimes d'un homicide qui ne dit pas son nom. «Le bilan des intoxications, qui atteint des pics, nécessite l'intervention de l'Etat qui doit, à notre sens, introduire une clause dans les cahiers des charges, obligeant les entreprises chargées de la construction des logements publics à installer des détecteurs de monoxyde de carbone (CO) fabriqués localement. La relance par la formation professionnelle du métier de ramoneur est indispensable. La promulgation d'une loi imposant à tout propriétaire d'une maison de procéder à une opération de ramonage annuelle s'impose. Cette opération doit être sanctionnée par un certificat délivré par un maître ramoneur qualifié. Un tel document doit figurer dans toute souscription d'assurance ou pour toute transaction immobilière et pour toute demande d'abonnement ou de raccordement au gaz», dira, non sans colère, le président de l'Association pour la promotion de la qualité et de la protection du consommateur de Sétif (APQPCS), Azzedine Chenafa, qui invite les services de contrôle à déclencher la guerre aux appareils de chauffage bas de gamme importés d'Asie. Les efforts des services de contrôle des Douanes, qui ont interdit d'entrée, nous dit-on, entre 2012 et 2013, plus 150 000 appareils de chauffage, demeurent selon des revendeurs contactés insuffisants, pour ne pas dire insignifiants. «Un appareil de chauffage à 15 000 DA, dépourvu d'un certificat de garantie et du service après- vente est défectueux et dangereux à la fois. Importé de Chine sous le label des grandes marques, ce produit échappe inexplicablement aux mailles du contrôle. Pour atténuer les effets néfastes de ces produits des terroristes d'un autre genre, les pouvoirs publics doivent instaurer une réglementation draconienne en matière d'importation», soulignent de nombreux revendeurs, qui mesurent eux aussi la gravité de la situation qui est tout sauf un banal fait divers.