«Aux lignées condamnées à cent ans de solitude, il n'était pas donné sur terre une seconde chance», écrivait l'auteur colombien Gabriel Garcia Marquez. Il est mort, jeudi, à son domicile de Mexico, quelques jours après avoir été hospitalisé pour une pneumonie. Gabriel Garcia Marquez, l'écrivain colombien d'expression espagnole, l'auteur mythique du chef-d'œuvre 100 ans de solitude, traduit en 35 langues et publié à 30 millions d'exemplaires dans le monde, prix Nobel de littérature en 1982, celui qu'on appelle affectueusement «Gabo» en Colombie, était un monument national, une gloire internationale et une figure charismatique de la littérature universelle. Et c'est le maître incontesté et incontestable du fameux réalisme magique bien qu'il ne l'ait pas créé. Cette appellation utilisée par la critique littéraire et la critique d'art depuis 1925, dans la littérature latino-américaine, pour rendre compte de productions où des éléments perçus et décrétés comme «magiques», «surnaturels» et «irrationnels» surgissent dans un environnement défini comme «réaliste», à savoir un cadre historique, géographique, culturel et linguistique vraisemblable et ancré dans une réalité reconnaissable. Un fantastique auteur ! Un romancier éternel ! Un immortel ! Pionnier, visionnaire, d'une imagination créative débordante, humain et humaniste est comparé par ses pairs comme le Charles Dickens ou encore le Victor Hugo contemporain. Ian McEwan, l'auteur britannique ne tarit pas déloges : «Gabriel Garcia Marquez est le seul et l'unique à avoir cette élévation qualitative déclinant tant d'extraordinaires et persuasifs pouvoirs sur des populations entières…». Tristesse et un siècle de solitude Gabriel Garcia Marquez, dans ses œuvres, avait un lien affectif, pour ne pas dire un lien ombilical avec la diaspora arabe d'Amérique latine. Il y a toujours un référent ou une référence. Dans Chronique d'une mort annoncée, le héros est un Arabe. Ou encore dans L'Aventure de Miguel Littín (cinéaste chilien d'origine palestinienne). Des chroniques journalistiques sur Miguel Littín, qui est rentré clandestinement au Chili en 1985 pour filmer son pays sous la dictature de Pinochet, après 12 ans d'exil au Mexique. Et à l'écrivain brésilien Paulo Coelho (L'Alchimiste) d'étayer : «Garcia Marquez a brisé le mur entre la réalité et la fantaisie, ouvrant la voie à toute une génération d'écrivains sud-américains.» Gabriel Garcia Marquez était le père spirituel de nombreux écrivains du monde entier, notamment en Algérie. Où un certain Rachid Mimouni (Tombeza, l'Honneur de la tribu), au summum de son art, fut surnommé «le Gabriel Garcia Marquez du Maghreb» alors par la presse étrangère. Gabriel José de la Concordia García Márquez est né le 6 mars 1927 à Aracataca, dans le nord de la Colombie. Son père était télégraphiste, et sa mère issue de la bourgeoisie locale de cette région. Etudiant, García Márquez poursuit ses études en autodidacte après avoir quitté son école de droit pour se lancer dans le journalisme. Très tôt, il ne montre aucune retenue dans sa critique sur la politique intérieure comme extérieure de la Colombie. Il a beaucoup voyagé en Europe et vit ensuite à Mexico, où il lance une édition mexicaine de son hebdomadaire colombien Cambio.En tant qu'écrivain, García Márquez commence en publiant nombre d'œuvres littéraires, généralement bien reçues, dans le domaine de la non-fiction, ainsi que des nouvelles. Cependant, ce sont ses romans, tels que Cent ans de solitude (1967), Chronique d'une mort annoncée (1981) et L'Amour aux temps du choléra (1985) qui lui ont apporté la reconnaissance de la critique littéraire ainsi qu'un large succès commercial.