En marge de l'installation, jeudi dernier, de la première section locale de la ligue algérienne des droits de l'homme (LADH) à Biskra, Maître Mokhtar Bensaïd, président de cette organisation non gouvernementale (ONG), a animé une conférence de presse pour expliquer les missions et prérogatives de la LADH. Il a aussi présenté un aperçu de sa vision du champ politique et des mesures à mettre en place afin «de garantir les droits constitutionnels des algériens et algériennes à exprimer leurs opinions par les moyens pacifiques, de défendre la liberté de la presse et tout individu victime de violence physique ou morale émanant d'institutions ou de personnes et de préserver l'unité du pays.», dira-t-il. Invité aux consultations visant la révision la Constitution nationale, Me Bensaïd afirme milité pour que la Réconciliation nationale ne soit pas constitutionnalisée. Il y voit une aberration. A ce propos, il soutient que cette loi relative à la décennie noire qui a fait plus de 200 000 morts n'a pas lieu d'être inscrite au préambule de la Constitution au motif, selon lui, que c'est une loi de circonstances. Il prône la fondation d'une seconde république civile basée sur la séparation effective des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, le renforcement du Conseil constitutionnel lequel devrait être formé, à son sens, de membres élus et la restriction des prérogatives du Président de la république car «un seul homme ne peut détenir à lui tout seul tous les rouages de l'Etat.», estime-t-il. Après l'installation de la section de Biskra de la LADH, il est prévu celle de Sidi Belabbés et Tlemcen puis celle de Ghardaïa et des autres wilayas du pays. Affichant sa volonté de tisser un réseau national pour la défense des libertés individuelles et collectives des algériens et la promotion des droits fondamentaux de l'homme en application des conventions internationales auxquelles l'Algérie adhère, le responsable national de la LADH, a évoqué, au cours de cette rencontre avec la presse, l'épineux dossier de la corruption, le rôle de la cour des comptes dont «les fonctionnaires sont étrangement les plus mal lotis du corps des magistrats.», soulignera-t-il. Rappelant que le voleur d'un téléphone portable écope de 5 ans de prison ferme alors qu'un individu coupable du détournement de milliards de Da prend 7 ans de prison, il pointe du doigt l'iniquité de certaines décisions de justice. En tant qu'organe d'observation, de dénonciation et de consultation, la LADH va prochainement plancher sur ce genre de dichotomie judiciaire mais aussi sur «le verrou banca mis en place par les institutions financières qui «freinent les initiatives et les projets des personnes», pense Maître Ben Said. «Vu que les citoyens ont le droit à la paix et à la sécurité mais aussi au développement économique par l'accès aux richesses nationales», dira-t-il, ce juriste chevronné, secondé par un panel d'avocats des deux sexes, est déterminé à ouvrir ce dossier dans les plus brefs délais et à transmettre ses propositions aux plus hautes instances de l'Etat, promet-il.