Le leader druze, Walid Joumblatt, dans un entretien accordé au journal francophone libanais, L'Orient le Jour, a explicitement accusé Damas et Tel Aviv d'être derrière la volonté de détruire le Liban. « La priorité est, pour le moment, à l'unification des positions et à l'unité nationale. Nous résoudrons, par la suite – après la cessation des hostilités – la question des armes du Hezbollah », a indiqué le chef du Parti socialiste progressiste (PSP). L'urgence, pour lui, est de trouver une solution à la violente agression à laquelle fait face le peuple libanais. « L'heure n'est pas aux comptes à rendre, mais plutôt à la recherche de moyens pour défendre les citoyens et le pays », a-t-il affirmé. Saluant la décision du Conseil des ministres, qui a affirmé la volonté du gouvernement d'étendre son autorité sur l'ensemble de son territoire, Walid Joumblatt a estimé, par ailleurs, que « le Hezbollah ne sera pas tenu responsable pour le moment de ses actes, surtout que le parti, voire le Liban tout entier, est soumis à des attaques violentes de la part d'Israël ». Le chef du PSP a laissé entendre que le sort du parti chiite sera débattu et tranché une fois que les hostilités auront cessé. « La force n'est pas un moyen pour parvenir au désarmement du parti chiite (...). Seul le dialogue peut nous y mener et à ce moment-là, nous devons examiner avec le Hezbollah les moyens de l'intégrer à l'armée libanaise, dans le cadre de ce que nous avons appelé la stratégie de défense et sur la base des accords de Taëf », a-t-il tranché. Mais d'ici là, a-t-il précisé, « c'est l'Etat et l'Etat seul qui doit détenir la décision de la guerre ou de la paix ». Analysant l'offensive de l'Etat hébreu, l'interviewé n'a pas exclu une éventuelle invasion du territoire libanais. La seule stratégie qui reste au Liban est, selon le leader druze, de resserrer les rangs pour défendre le pays par tous les moyens. Pour ce faire, il a appelé à « la consolidation de l'unité nationale et dans une seconde phase, l'extension de l'autorité de l'Etat sur tout le territoire, parallèlement à la redynamisation des accords d'armistice de 1949, en y introduisant notamment les amendements nécessaires ». Fidèle à sa campagne contre Damas, le chef du Parti socialiste progressiste a critiqué de façon acerbe le régime syrien, sans pour autant épargner l'agresseur du moment, Israël. « Bachar El Assad, a-t-il dit, est probablement détendu en ce moment et en train de rire en voyant ce qui se passe au Liban. Il doit se dire que le Liban est, une fois de plus, “sous mes auspices”, ou qu'“il a à nouveau besoin de ma protection” (...) Il observe, avec grande satisfaction, les destructions que le pays subit en ce moment. » Le leader druze ne se fait pas d'illusion : « Un Liban libre et indépendant, qui aspire à récupérer les fermes de Chebaa et qui jouirait de son entière souveraineté à l'intérieur de frontières bien délimitées, est une chose inconcevable pour le régime syrien ». Partant, Joumblatt ne se gêne aucunement à mettre Damas et Tel Aviv sur un pied d'égalité. « En plus de mon adversité historique envers Israël et sa politique agressive à l'égard du peuple palestinien, je ne cache pas mon mépris pour le régime syrien, notamment à cause de sa surenchère mensongère continuelle », a-t-il affirmé. A une question du journaliste de l'Orient de savoir s'il existe un lien direct entre cette dernière explosion et l'enquête internationale sur l'assassinat de Rafic Hariri, le chef du PSP a répondu positivement, précisant qu'il s'agit effectivement d'une « diversion ».