Il y a environ deux mois, le ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques a choisi le port de pêche de Ghazaouet pour donner le coup d'envoi de l'opération de toilettage de l'ensemble des ports de pêche d'Algérie, opération baptisée «Ports de pêche bleus» dans sa deuxième édition. Une quinzaine de jours avant cet évènement, des moyens humains et matériels considérables ont été mobilisés pour débarrasser le môle d'Alger des tonnes d'ordures qui l'encombraient. Des poubelles flambant neuves y ont été disposées. Les poissons pourris qui jonchaient le sol à longueur d'année et dégageaient des odeurs nauséabondes ont par magie disparu. Malheureusement, un peu plus de deux mois après la visite du ministre, les lieux sont redevenus comme ils étaient auparavant : un dépotoir où les ordures et les déchets divers s'entassent inexorablement. Au niveau de la halle à marée où une quantité de poissons est quotidiennement débarquée par les chalutiers pour être exposée ensuite à la vente à la criée, c'est à peine si on peut s'y approcher, tellement les odeurs sont nauséabondes et insupportables. Des flaques d'eau stagnante, des poissons pourris jonchant le sol et dégageant de fortes odeurs pestilentielles, des débris de tous genres recouvrent les alentours de cet espace commercial. Un membre de la chambre de pêche se dit scandalisé par l'indifférence affichée par les responsables du port de pêche vis-à-vis de cette situation de déliquescence qui caractérise ces lieux. «Les mareyeurs payent leurs droits en contrepartie d'un service mal rendu», se désole notre interlocuteur. «Faut-il attendre la prochaine visite du ministre pour nettoyer ces espaces ?», s'interroge-t-il ironiquement. D'autant plus que l'état infect des lieux heurte la sensibilité des visiteurs curieux de connaître les différentes espèces de poissons et gêne considérablement les familles qui se rendent, le soir, sur le môle d'Alger à la recherche d'un peu de fraîcheur, notamment en cette période de chaleur. Du côté de la pêcherie où s'effectue le débarquement et la vente en gros de la sardine et autres pélagiques, la situation est aussi identique. Saleté et insalubrité règnent en maîtresses des lieux. La cale sèche où s'effectuent toutes les réparations de la partie sous-marine qui demande que la barque soit sortie sur la terre ferme est devenue une décharge de débris en tous genres : ferrailles, bois, plastique, même les décombres d'une barque calcinée jonchent encore les espaces de ce chantier de réparation navale. Les installations de cette structure (treuils de hallage, rails), sont rongées par la rouille. Cette structure, qui, en principe doit être porteuse de croissance, est carrément à l'abandon. D'ailleurs, bon nombre d'armateurs optent pour d'autres ports pour la réparation et l'entretien de leurs bateaux. Les matelots qui fréquentent ces lieux prennent mille et une précautions de peur de marcher sur un bout de ferraille rouillé. Les petits métiers disposés d'une façon anarchique empêchent parfois tout mouvement à l'intérieur de la cale sèche et du bassin d'armement. Les plaisanciers, nombreux en cette période estivale, éprouvent mille et une difficultés pour la mise à l'eau de leur embarcation.