Un climat de tension règne au village Mouka (12 km d'Ighil Ali), suite à l'implantation, en juin dernier d'une carrière d'agrégats au lieudit Arrirous, un site haut perché, distant d'une centaine de mètres environ à vol d'oiseau des premières habitations et de l'école. La population de cette localité réclame l'arrêt pur et simple de son exploitation par l'entreprise ETRHB, en mettant en avant les conséquences « néfastes » qui en découleraient sur les plans sanitaire, environnemental et hydrique. Ce dernier point est relatif aux trois sources d'eau qui alimentent le village. Il est ainsi craint leur disparition. L'on privilégie le recours aux voies et moyens légaux et pacifiques, afin de faire capoter le projet tant décrié. Ainsi, l'association Ahl Ettaâ de Mouka, la circonscription des forêts d'Akbou, le responsable des moudjahidine de la daïra d'Ighil Ali ont saisi les autorités locales et de wilaya, les directions de wilaya (environnement, mines…) et des ministères, sans pour autant avoir des réponses. Jeudi dernier, des associations de la région, des notables, des fonctionnaires des forêts d'Ighil Ali ainsi que quelques citoyens ont organisé un sit-in à l'entrée du village. Le P/APC était présent aussi. Sollicité pour donner son avis sur la situation, il a préféré ne faire aucun commentaire. Sous un pin d'Alep, les protestataires et le directeur des travaux de l'entreprise en charge du projet palabraient. Ils essayaient de trouver un terrain d'entente sans y parvenir. Chacun campe sur ses positions. Nous montons avec des forestiers au site incriminé. Les travaux étaient à l'arrêt. Il y avait des pins ensevelis et des rochers extraits déjà. Le chef de district des forêts d'Ighil Ali, Younès Oukil s'emporte : « C'est un massacre ! En plus il, (l'exploitant) n'a même pas l'autorisation de la direction générale des forêts ni de celle de la circonscription d'Akbou. Ce site relève du domaine des forêts. L'article 1 de la loi forêstière stipule que le domaine forestier est inaliénable et insaisissable. » Le directeur des travaux de l'ETRBH nous a confirmé qu'il ne possède pas l'autorisation de la direction des forêts, il arbore cependant, le titre minier délivré par l'Agence nationale du patrimoine minier qu'il considère comme suffisant pour exploiter la carrière. Dans la foulée, il nous apprend, PV d'adjudication à la main, que le site a été mis en adjudication en 2005 et qu'après l'ouverture des plis, son entreprise a été choisie. Il confirmera par la suite qu'aucune enquête de commodo et incommodo n'a été réalisée. Interrogé sur ce qu'il comptait faire vu le climat précaire qui règne, notre interlocuteur n'en démord pas. « Qu'on me ramène un document officiel qui me somme d'arrêter ! », lance-t-il. Chez les protestataires, la tension était perceptible. L'on se préparait à constituer une délégation pour discuter avec les autorités locales. Le président de l'association de développement durable des Bibans, Khaled Gueraba, dira à cet effet : « Nous allons mettre les autorités devant leurs responsabilités. Si elles ne trouvent pas de solution d'ici à la semaine prochaine (cette semaine, ndlr), nous ne pourrons rien garantir. Nous avons jusque-là contenu l'ire de la population, mais nous ne pourrons pas éviter les dérapages », a-t-il prévenu. Le district des forêts d'Ighil Ali, qui a déposé un PV de délit auprès du parquet de Béjaïa, attend le verdict.