Au moins 70 civils libanais ont été tués, hier, dans des bombardements aériens et navals israéliens contre le Liban, au huitième jour d'un conflit qui a entraîné la mort de cinq Israéliens dont deux soldats tués à la frontière dans un accrochage avec le Hezbollah. L'offensive militaire israélienne, déclenchée le 12 juillet, a provoqué une grave crise humanitaire au Liban et un exode massif. Aussi bien Israël que le Hezbollah libanais ont averti que le conflit, le plus grave depuis 25 ans, n'avait pas de limite dans le temps témoignant de l'impasse dans les efforts diplomatiques tous azimuts engagés par l'ONU et l'Union européenne auprès des différentes parties au Proche-Orient. L'offensive destructrice et sans relâche d'Israël contre le Liban a fait au total 325 morts dont 295 civils et a provoqué une grave crise humanitaire avec 500 000 déplacés. Outre les raids aériens et navals destructeurs, des accrochages ont opposé des combattants du Hezbollah aux soldats israéliens, dont deux ont été tués et neuf blessés, lors de brèves incursions en territoire libanais, à proximité de la frontière. Pour la première fois depuis le début de l'offensive, des hélicoptères israéliens ont tiré quatre missiles contre un quartier résidentiel chrétien du centre de Beyrouth. Israël a aussi intensifié ses bombardements aériens et navals contre plusieurs objectifs dans l'est, le sud et le nord du Liban, y compris civils, faisant depuis l'aube 70 morts civils, la plupart tués sous les décombres de leurs habitations détruites par les bombes. Il s'est agi de la journée la plus sanglante de l'offensive israélienne. Au total, 295 civils et 23 soldats libanais ont été tués depuis le début de l'offensive d'Israël qui a bombardé et bloqué les aéroports, ports et routes principales. Près de 700 personnes ont été blessées. Le Hezbollah a tiré, hier, plus de 70 roquettes sur des localités du nord d'Israël, tuant trois personnes. La ville de Haïfa, plus au sud, a été également visée par plusieurs salves de roquettes qui ont fait deux blessés. En huit jours, 30 Israéliens ont été tués, dont 16 civils dans la chute d'obus sur le nord d'Israël, et 14 militaires. L'état d'urgence en vigueur dans les secteurs nord d'Israël a été prolongé. Au Liban-Sud, le QG de la Force intérimaire de l'ONU au Liban (Finul) à Naqoura, à la frontière, et une autre position ont été touchés par des obus israéliens qui n'ont pas fait de victime. « Nous poursuivons les tirs de roquettes sur Israël d'une façon étudiée afin de pouvoir utiliser notre arsenal de roquettes pendant de nombreux mois et non des jours ou des semaines », a déclaré un responsable du Hezbollah, Mahmoud Qomati, ajoutant qu'Israël n'avait pu couper ses lignes d'approvisionnement. Le cabinet de sécurité israélien, qui exige la libération de ses soldats et le désarmement du Hezbollah, a, quant à lui, décidé de la poursuite des offensives au Liban et dans la bande de Ghaza « sans limite dans le temps ». Ainsi, avec l'appui à Israël des Etats-Unis qui refusent avec leur allié britannique d'exiger un arrêt de l'offensive, il n'y a aucun espoir d'un cessez-le-feu immédiat dans le conflit. Le Premier ministre libanais, Fouad Siniora, a, dans une interview au New York Times, accusé la communauté internationale de ne pas faire « tout son possible » pour que cesse l'offensive d'Israël, qui a provoqué une situation humanitaire « à la fois alarmante et catastrophique ». Le représentant de l'Unicef au Liban a exprimé son inquiétude face aux provisions de nourriture et de médicaments qui diminuent dangereusement. De son côté, le président français Jacques Chirac a demandé l'ouverture de « corridors humanitaires » au Liban. Sur fond de bombardements, l'évacuation de milliers d'étrangers et de Libanais cherchant à quitter le Liban s'accélère, alors que des milliers de personnes ont déjà quitté le pays lors d'opérations organisées par de nombreux gouvernements. Dans l'après-midi, plus de 1000 citoyens américains ont quitté Beyrouth à bord d'un bateau de croisière, alors que des centaines d'Européens embarquaient à bord de ferries et d'une frégate française. Des centaines d'autres de différentes nationalités attendaient leur tour au port de Beyrouth transformé en zone militaire au troisième jour d'évacuation des ressortissants étrangers.