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«Les conservateurs sont nombreux»
Fouzi Benbrahim . Metteur en scène et comédien
Publié dans El Watan le 11 - 10 - 2014

Expérience et visions d'un jeune et audacieux metteur en scène.
-Votre dernière pièce mise en scène est El Ardha. Qu'est-ce qui vous a plu dans le texte du Roi se meurt de Ionesco ?
C'est en fait une adaptation libre de ce texte. Il y a eu beaucoup de changements dans les personnages. J'ai aimé l'idée de la fin : la fin d'une relation, la fin d'une carrière, la fin d'un pouvoir…La mort n'est qu'un symbole. Il fallait dès le début relever un défi, celui de s'adapter à l'esthétique contenue dans les répliques de la pièce. L'un d'eux dit : «Je suis mort avec mon ambition qui a grandi.» C'est beau à entendre. Le défi était comment transmettre cela au public. J'ai fait donc un profond travail d'éclairage, essayé de faire des images à travers les sentiments des personnages. Dans la pièce, le roi s'accroche à tout, mais, finalement, ne s'accroche à rien puisqu'il va mourir. Ce n'est pas la mort physique, mais celle de la dictature, de l'oppression.
-Dans la pièce, le royaume est plongé dans une ambiance hivernale. Pourquoi ?
La mort est liée à la froideur. J'ai donc mis en avant l'idée de la destruction avec l'ambiance de l'hiver. A la fin du spectacle, le public découvre qu'il s'agissait juste d'un rêve…Dans toutes mes pièces, il y a une petite touche politique. Si je peux changer quelque chose à travers le théâtre, pourquoi pas. J'ai essayé de dénoncer à ma manière la médiocrité, l'hypocrisie et la corruption qui règnent dans le champ politique algérien. J'évoque dans la pièce Arrêt fixe la prison virtuelle dans laquelle nous vivons en tant que jeunes Algériens. Dans la pièce Joraat haqiqa (une gorgée de vérité), je mets à nu la corruption dans le secteur de la justice. Cela dit, je veille toujours à mettre en avant le spectacle théâtral.
-Pas question donc de théâtre de discours…
Les gens ne veulent pas voir des spectacles où un comédien se met sur scène pour parler et faire des discours à l'ancienne. A l'époque de Alloula et de Medjoubi, le verbe était à la mode. Nous n'étions pas encore ouverts sur la technologie, nous ne connaissions pas Facebook ou Play-station. Aujourd'hui, les jeunes regardent des films, la télévision, suivent tout ce qui est nouveau sur le plan technologique, branchés sur internet... Les gens du théâtre doivent obligatoirement être à jour pour s'adresser au jeune public. Le langage doit être actuel, contemporain. Les créations doivent porter un peu d'humour, recevables sur le plan esthétique.
-Le théâtre doit donc adapter un langage contemporain
Voilà. Il faut respecter les piliers de l'art dramatique (le conflit, la trame, l'histoire…) mais on peut se permettre des libertés, un peu de folie, dans la mise en scène. Innover, un peu. Certains me reprochent de «mettre» plusieurs écoles dans mes mises en scène. Je pense qu'élaborer une mise en scène à travers une seule école est une méthode dépassée. Il s'agit d'éviter la rigidité et la lourdeur dans le spectacle qui sera proposé au public. Nous n'avons pas suffisamment de moyens techniques. Mon rêve est de mettre en scène de grands spectacles, des super- productions avec des comédiens accrochés à des cordes, avec des cracheurs de feu… Nous n'avons pas encore la culture des spectacles géants. Il y a beaucoup de faux problèmes à gérer. Je veux par exemple faire un effet sur scène dans une pièce, il y aura toujours un machiniste qui refusera de suivre sous prétexte qu'il est salarié et qu'il ne veut pas prendre des risques.
-Dans Satw khass (vol spécial) vous êtes allé vers un autre registre dans la mise en scène, comme le théâtre cinématographique..
Je suis un cinéphile. Je vois beaucoup de films. Certains spectateurs n'ont pas compris les effets utilisés dans cette pièce, comme le ralenti. Peut être qu'ils ne sont pas à jour ! J'ai eu peut-être l'audace d'user de la caricature…La majorité des gens qui ont vu la pièce ont apprécié. Certains me disent que je privilégie le décalé dans mes mises en scène. Je réponds : mais je le fais avec plaisir. J'ai utilisé les techniques de la bande dessinée qui, aux Etats-Unis, est très à la mode. Les films d'animation sont aux premières loges du Box-office.
-Existe-t-il des conservateurs au théâtre algérien ?
Oui. Ils sont nombreux, trop même ! Le malheur est qu'ils n'acceptent pas l'autre. J'essaie toujours de parler aux gens directement, d'être positif. En cette période, je souffre de ce rejet de la part de certains. Sincèrement, je peux dire qu'il n'existe pas de communication entre générations au théâtre. Il n'y a pas d'écoute ni de transmission. Pour les conservateurs, tout ce qui est nouveau est faux !
-Les anciens metteurs en scène aident-ils les jeunes ?
Il n'y a aucune aide. Je fais toujours en sorte de me corriger à travers eux. Je tente d'éviter leurs erreurs, leurs ratés. Certains ont monté des pièces d'une manière catastrophique. Etudiant à l'ex-INADC (Ismas actuellement), j'assistais à la présentation de certaines pièces et j'étais choqué par ce que je voyais sur scène. Je ne comprenais pas la manière de jouer des comédiens, la manière d'aborder un texte. Aujourd'hui, on ne monte plus des décors lourds avec du bois et du fer pour en faire un tableau. De nos jours, les tableaux sont flexibles, mouvants, changeant. Les comédiens jouent d'une manière naturelle en respectant les techniques. Il faut sortir de l'amateurisme dans l'interprétation des textes. Le jeu à la Alloula et à la Medjoubi est dépassé…
-Faut-il alors se libérer d'une certaine tradition dramatique algérienne?
Il faut se libérer mais sans oublier ces auteurs ou les mettre de côté. Il est important d'admettre que nous vivons une autre époque. Par le passé, le public prêtait une oreille aux dialogues sur scène. Aujourd'hui, les gens n'écoutent pas plus de cinq minutes. Ils veulent voir un spectacle. Il faut bien concilier le visuel et le verbe, charmer le public, l'accrocher. El Ardhaa est une tragédie, mais il y a plein d'images, de l'esthétique et des éclairages. Le public n'a pas quitté la salle, a suivi le spectacle jusqu'au bout (au 9e FNTP à Alger). Les jeunes metteurs en scène doivent être à la hauteur. Ils doivent travailler, toujours travailler, se casser la tête pour réussir.
-Comment ramener le grand public au théâtre ?
La défection du public est une réalité. Je crois que cela est lié à une culture de communication, de production et de diffusion. Il est vital de réfléchir dès maintenant au marketing des spectacles. Comme il est important de laisser à l'affiche les pièces pendant un certain temps pour que le public s'habitue. La communication autour de la production théâtrale doit se faire régulièrement à travers la radio, la télévision et les journaux. Les gens du théâtre doivent rester à l'écoute du public, les metteurs en scène éviter de traiter avec des textes qu'ils ne comprennent pas. On ne peut pas tous faire de l'absurde! Notre public n'a pas la culture du théâtre des Européens, par exemple. Donc, il faut savoir l'intéresser, le convaincre de revenir à la salle et assister aux spectacles. Les pièces doivent tourner tout le temps. Par exemple, ma pièce Mostankaa al dhiab (La mare aux loups) n'a pas été vue par le grand public parce qu'elle n'a été jouée qu'une douzaine de fois. Les pièces doivent avoir une vie à travers une tournée nationale.
-Vous avez choisi de monter le texte de Satw khass. Existe-t-il une raison particulière ?
C'est un texte de Mohamed Mostefaï qui, au début, ne m'a pas vraiment convaincu. Ce qui m'a encouragé à rester à Saïda pour monter la pièce, c'était la jeune équipe du TRS (Théâtre régional). J'ai réécrit le texte bien que je n'en pas l'auteur. J'ai introduit l'idée du vol de la statue dans ce texte avec l'accord de l'auteur. Maintenant, passer à l'écriture de textes dramaturgiques, c'est un pas difficile à franchir pour moi. Tout dépend des circonstances. Je retravaille régulièrement les textes que je monte. J'ai refait le texte Arrêt fixe en arabe classique. Idem pour Joraat haqiqa et Mostanqaa al dhiab. Tous les textes sont repris ensuite en réécriture scénique. Une fois dans une résidence d'écriture à Jijel, j'ai préparé un squelette d'un texte. Je n'ai pas encore terminé les dialogues.
-Qu'en est-il des textes algériens ?
Nous n'avons pas beaucoup d'auteurs algériens spécialisés dans l'écriture dramatique. Cela dit, il existe de belles tentatives. J'ai aimé le texte de Tayeb Dehimi (TR Constantine) de la pièce Al Ardha. Il y a aussi les textes de M'Hamed Benguettaf. Je peux citer aussi de jeunes auteurs comme Adlène Bekhouche, qui a fait de belles adaptations des romans de Paulo Coelho. Il est important d'ouvrir les portes aux jeunes auteurs et sortir de la culture des «amis» dans le choix des textes à monter sur scène…Il serait bénéfique d'avoir un suivi de la manière avec laquelle les théâtres régionaux travaillent pour éviter que les mêmes soient à chaque fois choisis. Les critères de choix des textes et des metteurs en scène doivent être précis et clairs. Et puis, on ne peut pas éviter une évaluation objective et régulière des pièces produites par les théâtres régionaux. Lorsqu'un spectacle est de qualité, il trouve un bon accueil auprès du public. Donc, le public tranche à chaque fois.
-Qu'en est-il de votre coopérative Le triangle artistique de Batna ?
Je suis à mes débuts avec cette coopérative. Je prépare une pièce. Je n'ai pas le temps de terminer le projet. Il s'agit d'une pièce à trois personnages d'après une adaptation d'un roman d'Amélie Nothomb. Pour moi, le soutien pour le théâtre indépendant doit se faire à travers l'ouverture d'espaces, pas à travers les subventions de l'Etat. Qu'on nous donne les salles des théâtres régionaux pour présenter nos travaux. Des théâtres qui peuvent prendre 20% des entrées à travers la billetterie. Pourquoi pas ! Il ne sert à rien de donner des subventions à des coopératives privées sans suivre ce qu'elles réalisent concrètement, suivre leurs productions.


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