Sur un texte de Mohamed Tayeb Dehimi, repris dans une adaptation libre des œuvres « Le roi se meurt » et « Notes et contre-notes » du dramaturge roumain Eugène Ionesco, « El Aârdha », spectacle en compétition, mis en scène par le jeune Faouzi Benbraham, rappelle que la notion philosophique du « terme temporel » accompagne toutes formes d'existences, dès lors que celles-ci soient d'abord soumises à un début. Dans une transgression créative des textes originaux, d'une durée d'environ 80 mn, quatre personnages d'un royaume (deux femmes et autant d'hommes) tentent de repousser par tous les moyens les limites d'une supposée mort de leur roi qui ne cherchait, en fait, qu'à éviter son irréversible de règne qu'il ne pouvait accepter. Dans une conception marquée par une bonne géométrie du mouvement et un agencement favorable des accessoires, Fouzi Benbraham a fait de l'abstraction délibérée du repère spatio-temporel une aubaine pour permettre aux comédiens de repousser davantage les limites de la fin. Des chorégraphies et des monologues ont renforcé la sémantique de la trame créant des variations et des couleurs dans l'esthétique du spectacle, avec une musique mélancolique par moments, et festive dans d'autres. Adoptant au contenu du spectacle une forme aérée, le metteur en scène a donné de l'élan au texte, de manière à faciliter la lecture des évènements qui généraient des conflits d'ordre intellectuel, ponctués par des échanges intenses et vifs. Dans une ambiance à l'éclairage assombri, le décor, figé aux atmosphères ternes, représenté par un fond et quatre pantalons d'un vert clair, sur lesquels des arbres sans feuillage étaient dessinés - comme pour suggérer la mort des végétaux -, a servi à la création d'un climat de psychose. Présent au 9e FNTP dans pas moins de deux productions en compétition (El Aârdha-2013) et (Satw Khass-2014), ainsi qu'un spectacle en « off » (Es'Saâ Sifr -2014), le plus jeune metteur en scène du festival Faouzi Benbraham est diplômé de l'Institut supérieur des métiers des arts de la scène (ISMAS) de Bordj El Kiffan en 2009. A son actif, également, « L'ours » d'Anton Tchekov, montée en 2008 avec des camarades de l'Institut, « Arrêt fixe » du regretté M'Hamed Benguettaf, Prix Ali Maâchi du président de la République en 2009, « Moustanqae Ed'Dhiaab » (Le marécage des loups), prix de la meilleure mise en scène au 6e FNTP en 2011.