L'Algérie est demandeuse de technologie pour l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste et les Etats-Unis sont là pour offrir leur savoir-faire dans ce domaine. C'est ce qui ressort de la Conférence internationale sur l'industrie du gaz ouverte hier au CCO. «Nous sommes heureux de travailler avec le gouvernement algérien et de recevoir les laboratoires et les chercheurs algériens avec lesquels nous aimerions collaborer», a indiqué l'Américain Christopher Smith, principal sous-secrétaire à l'énergie qui est intervenu sur l'expérience américaine, le pays qui a développé les nouvelles technologies d'extraction non conventionnelle des hydrocarbures. En plus de la sécurité énergétique, l'exploitation du gaz de schiste a permis de booster l'économie américaine en reconstituant le tissu industriel lié à la pétrochimie. C'est cette expérience que, selon Christopher Smith, les Etats-Unis veulent partager avec d'autres pays, dont l'Algérie, mais en tenant compte des expériences des uns et des autres. Il évoquera «la nécessité de dialoguer avec les populations et protéger l'eau potable», là où les zones d'exploitation sont proches des agglomérations, mais aussi l'intérêt qu'il y a à tenir compte des leçons tirées au niveau mondial au sujet de la protection de l'environnement. Le représentant du département américain de l'Energie est intervenu juste après l'allocution de Youcef Yousfi, ministre algérien de l'Energie, qui a présenté la politique du gouvernement et la stratégie globale du secteur énergétique mais surtout celle de Said Sahnoun, PDG de Sonatrach qui a évalué les besoins et espéré explicitement un transfert des technologies. «Nous voulons que l'expérience en terme de gaz de schiste et les connaissances soient transférées de manière efficace vers l'Algérie à partir des Etats-Unis ou de l'Amérique du Nord», a-t-il indiqué. Pour lui, il est même urgent de pallier au manque de plateformes et d'unités de fracturation. L'équipement et la technologie sollicités Les sociétés qui effectuent des forages en Algérie envisagent d'importer 20 nouvelles plateformes au cours des deux prochaines années mais, constate-t-il, cela ne suffira pas car il y a des discussions pour en construire localement. D'où son appel aux «entreprises qui ne sont pas encore établies en Algérie à estimer le potentiel que ce marché peut leur offrir». Les réserves sont immenses et cet aspect, en fonction des dernières mises à jour, a été développé par Mohamed Kaced, directeur du projet ressources non conventionnelles à Sonatrach. Le domaine minier national qui s'étale sur 1,5 million de km2 englobe la plateforme saharienne (1,2 million de km2) qui concentre les découvertes réalisées à ce jour. Compte tenu des caractéristiques techniques avantageuses (épaisseur, contenu en carbone organique, maturité, profondeur, etc.), les roches mères de la plateforme saharienne sont dites de première classe. «Avec une épaisseur de 300 m, le bassin de Berkine présente un avantage énorme en comparaison avec ceux de l'Amérique du Nord», indique M. Kaced pour illustrer ses propos tout en précisant que Berkine n'est que l'un des 5 bassins analysés avec Illizi, Ahnet, Timimoun et Bechar (il reste Tindouf et Reggane). Certes le contenu en argile est élevé mais il reste faible dans les zones de forages potentiels. Le même cadre de Sonatrach prône de faire appel à des sociétés spécialisées comme cela a été fait aux Etats-Unis où les majors se sont alliées à des petites entités détentrices de meilleurs savoir-faire. Pour ce qui est de la ressource hydrique, on avance l'argument selon lequel la région concernée dispose d'une réserve estimée à 40 000 milliards de mètres cubes. A titre illustratif, la mobilisation de 2,5 milliards de mètres cubes par année équivaut à la consommation de 100 000 forages ! Le chiffre est faramineux car l'expérience ne fait que commencer. Un seul puits a été foré dans le bassin d'Ahnet et dans le cadre d'un projet-pilote visant à sortir avec une évaluation réelle de l'exploitation du gaz de schiste. Le programme prévoit le forage de 2 puits verticaux et de 3 puits horizontaux à réaliser prochainement, selon Youcef Khanfar, responsable du département exploration sud-ouest à qui l'on a adjoint les ressources non conventionnelles.