Je fais suite à votre interview à la Chaîne 3, rapporté par le journal El Watan, daté du 17 décembre 2014. En réponse à la question sur l'absence de rapports de conjoncture, vous répondez que «le CNES … adresse ses rapports au gouvernement sans faire de spectacle». Que la référence récurrente à feu Mohamed Salah Mentouri vous irrite, on peut le comprendre. Il n'est pas aisé de succéder et de se mesurer à une telle personnalité. Mais parler ainsi d'une personne qui ne peut vous répondre, cela manque quelque peu de décence et de dignité. S'attaquer à son prédécesseur pour justifier ses propres insuffisances, quel courage !!! A vous lire donc, la publication régulière des différents rapports serait du spectacle. Je vous rappelle, M. Babès, que celle-ci est prévue dans les statuts du CNES. Ainsi, c'est vous qui donnez un coup de canif aux obligations statutaires de l'institution que vous présidez. Feu Mohamed Salah Mentouri avait, lui, à cœur de faire de cette mission statutaire une réalité. Il avait l'ambition de hisser cette institution au niveau universel des CES, qui ont traditionnellement pour missions notamment : 1- de conseiller le gouvernement et le Parlement et participer à l'élaboration de la politique économique et sociale; 2- de favoriser, à travers sa composition, le dialogue entre les catégories socioprofessionnelles, et rapprocher leurs préoccupations dans l'élaboration de propositions d'intérêt général; 3- de contribuer à l'évaluation des politiques publiques; 4- de contribuer à l'information du citoyen. Feu M. S. Mentouri voulait que le CNES, de par sa composition, soit le réceptacle naturel des préoccupations et propositions de la société dans toute sa diversité et par voie de conséquence, l'espace d'expression d'un consensus national, le creuset de la citoyenneté économique. Il a réussi à le faire dans la mesure où le CNES, sous sa présidence, est devenu une référence sérieuse, aussi bien pour les observateurs que pour le citoyen, référence caractérisée par une remarquable «autonomie de réflexion». Il voulait, par la plus large diffusion des travaux du CNES, associer la société civile au débat national, l'implication de celle-ci étant le vecteur de la recherche d'un consensus national. Or, n'est-il pas paradoxal qu'à l'heure où l'implication de la société civile fait l'objet d'un grand «show» organisé par le CNES, celui-ci lui dénie même l'accès à ses rapports et productions. Par ailleurs, vous dites alerter le gouvernement sur les problèmes de l'heure. Or, vous reconnaissez que les cellules de veille sont en cours de mise en place, à l'image du site internet, en construction (depuis plus de 9 ans). C'est sans doute pour cette raison que les rapports sont produits (à huis clos) et transmis aux seules autorités. Ainsi donc, M. Babès, au lieu de parler de spectacle, vous devriez assumer et dire que les missions du CNES ont été revues à la baisse, et que vous n'êtes ni en capacité ni autorisé à produire ce genre de «spectacle» si utile à l'information, voire à la formation du citoyen. Le seul spectacle qui nous est infligé est le théâtre de marionnettes. Cette institution semble désormais se satisfaire du rôle de sous- traitant du PNUD. Vivez «paisiblement» votre sinécure et laissez les morts en paix.