Président du comité pédagogique régional de médecine légale, comprenant les facultés de Tizi Ouzou, Blida et Alger, chef du service de médecine légale du CHU Mustapha, le professeur Rachid Belhadj déclare que le compte rendu d'autopsie effectuée par des médecins camerounais sur le corps du footballeur Albert Ebossé, «ne répond à aucune norme en matière de médecine légale». Il explique : «N'importe quel médecin légiste qui lit le rapport d'autopsie publié vous dira qu'il ne répond pas au canevas utilisé universellement par les spécialistes de la médecine légale. Une autopsie doit donner des réponses de fond comme de forme. Les questions de fond sont généralement posées par le procureur qui a requis l'autopsie et elles sont toutes bien précises. Pour ce qui est de la forme, elle concerne la lecture du constat fait par le médecin légiste en examinant toutes les parties du corps disséqué et sa comparaison avec les faits contenus dans le rapport d'information sur les conditions dans lesquelles la victime a été trouvée.» Pour le professeur Belhadj, dans un rapport d'autopsie, «on ne dit jamais qu'un homme ou une personne a commis une violence ou que la victime a redressé sa main, etc. Ce sont des propos qui n'ont rien à voir avec un rapport d'autopsie. Le médecin légiste est là pour expliquer la cause du décès. Il ne doit pas se prononcer sur les faits et encore moins sur les auteurs». Sur les circonstances de la mort d'Ebossé, il précise : «Les images de la télévision montrent, à la fin d'un match, le défunt exténué. Il devait avoir une tension un peu élevée, idem pour l'adrénaline.Il marchait et, subitement, son corps s'est s'affaissé. Sur le coup, personne ne pouvait savoir ce qu'il avait eu. A l'hôpital, deux pistes étaient privilégiées. La première : la mort subite ; la seconde : un coup qui aurait pu entraîner la perte de connaissance. Le médecin légiste a fait son travail d'expert. Il a travaillé sur tous les éléments qui peuvent corroborer l'une ou l'autre hypothèse. Il a fini par retenir la première hypothèse. Il a comparé les circonstances dans lesquelles le défunt s'est affaissé avec les résultats de l'autopsie du cadavre.» Pour le professeur Belhadj, les auteurs du rapport camerounais «ont fait une confusion entre l'acte de décès qui, probablement, a été signé par un résident de l'hôpital et les conclusions de l'autopsie qui, elles, sont paraphées par un maître assistant». Et de conclure : «En fait, les auteurs de ce rapport ont outrepassé leur compétence.»