Les anticancéreux représentent aujourd'hui 50% du budget de la Pharmacie centraledes hôpitaux (PCH). En attendant d'être remis officiellement au président de la République, le Plan cancer a été présenté hier par le professeur Zitouni aux sénateurs dans le cadre de la journée parlementaire organisée par la commission santé du Sénat. Sa mise en œuvre relève de l'urgence, recommandent les rédacteurs de ce plan en relevant que les «cancers ne peuvent plus être aujourd'hui réduits à un simple problème de santé purement ‘‘médical'' relevant d'une spécialité unique». «L'ascension de la courbe d'incidence s'amorce tôt, avant 40 ans, puis évolue de manière exponentielle jusqu'à la fin de la vie. Dès l'âge de 60 ans, les taux d'incidence enregistrés en Algérie s'alignent sur ceux relevés dans les pays développés, particulièrement ceux d'Europe du Sud. Ceci se vérifie autant pour les hommes que pour les femmes», a-t-on précisé et de noter que «l'augmentation est donc significative et il est prévisible qu'elle va progresser». C'est ainsi qu'une nouvelle stratégie de lutte contre le cancer et ses facteurs de risque est désormais définie dans sa globalité à travers l'évaluation du Plan cancer sous forme d'un rapport élaboré par un groupe de professionnels sous la responsabilité du professeur Zitouni dont l'objectif est de permettre à chacun, partout en Algérie, d'avoir les mêmes chances d'accéder aux soins. Laquelle stratégie, a souligné le professeur Chachoua, présidente de la commission santé, doit se traduire par des actions concrètes sur le terrain telle que les campagnes de prévention contre les facteurs de risque. Après avoir mis l'accent sur l'intérêt de cette stratégie, le Pr Zitouni est revenu sur les huit axes que contient ce plan qui visent à améliorer la vie des patients et protéger les personnes saines. Il s'agit, entre autres, de la réorganisation de soins, la formation, le renforcement de la réglementation et la diversité des financements. «La prévention et le dépistage constituent les axes prioritaires», a-t-il noté. Cette progression du nombre de cas de cancers aura bien sûr un impact certain sur le budget de la santé. D'ailleurs, une étude réalisée par la Société algérienne de pharmacie et le conseil national de l'Ordre des pharmaciens, dirigés par les docteurs Nagy Hadjadj et Farid Benhamdine, confirme cela en signalant qu'entre 2005 et 2013, le budget de la PCH consacré aux anticancéreux a atteint le taux de 1500%. Selon Farid Benhamdine, président de la Société algérienne de pharmacie, les anticancéreux représentent aujourd'hui 50% du budget de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), alors qu'ils ne représentaient que 10% il y a dix ans. Pour l'année 2014, l'enveloppe consacrée aux médicaments anticancer est de plus de 22 milliards de dinars, avons-nous appris. Une enveloppe qui connaîtra sûrement un accroissement au vu du nombre de cas enregistré annuellement. «On s'attend bien sûr à l'explosion de ce budget d'ici à 2020 si rein n'est fait», a-t-il indiqué. C'est pourquoi, il a insisté sur la prévention qui demeure la meilleure arme contre cette maladie. Des chiffres qui font sérieusement froid dans le dos et qui inquiètent les spécialistes alors que Abdelmalek Boudiaf, ministre de la Santé, tente de minimiser la situation en qualifiant toutes ces données d'«erronées». Une déclaration qui vient semer le doute sur un travail élaboré par des experts et professionnels de la santé depuis plus d'un an en se basant sur des documents fournis par le ministère de la Santé et ses institutions.