Depuis l'indépendance, le processus de prise de décision économique a connu beaucoup de changements. Initialement, ce processus était essentiellement initié au niveau de la planification, laquelle obéissait selon Abdelaziz Rahabi à des critères d'équilibre régional porté par une vision globale et intégratrice dans l'économie. «Il y avait une approche globale intersectorielle planifiée», nous expliquera à ce sujet M. Rahabi. Et ce, avant de rappeler le rôle du conseil des ministres : «L'une des fonctions d'un Conseil des ministres est de trancher sur les décisions stratégiques en apportant des réserves ou des arbitrages», poursuivra-t-il rappelant que la stratégie du développement économique est l'une des prérogatives souveraines de l'Etat. «Or, aujourd'hui nous avons le sentiment que l'Etat s'est désengagé de cette responsabilité. Il a concentré le débat sur la chute des prix du pétrole. De même qu'il a transféré le règlement de cette question au patronat», regrettera-t-il. Une situation qui rappelle le manque d'intérêt affiché à l'égard des différents outils d'aide à la prise de décision, à l'exemple de la prospective, de la planification et de l'information économique. Tout au long de ces dernières années, il y a eu des tergiversations autour de ces questions censées appuyer la prise de décision publique. Si durant les deux premiers mandats de Bouteflika la prospective et la planification ne faisaient pas partie des outils de gestion utilisés, après la crise financière de 2009 il y a eu des tentatives de réhabilitation de la prospective dans l'organigramme du gouvernement. Des tentatives vouées à l'échec après la liquidation du Commissariat général à la prospective et à la planification (CGPP, créé en 2006 et devenu effectif en 2009) et la mise en place, en mai 2010, d'un ministère de la Prospective et des Statistiques et d'un secrétariat d'Etat auprès du ministre de la Prospective et des Statistiques, chargé de la statistique. L'accent avait été mis à l'époque d'Abdelhamid Temmar sur la stratégie «Algérie à l'horizon 2030» à travers le lancement d'une étude sur le développement éco-social de l'Algérie avec l'appui des sud-coréens. L'équipe de Temmar s'était même penchée sur un plan de développement territorial dans le but «d'apporter une meilleure cohérence à la politique publique de développement». Cependant, le dossier est vite mis dans les tiroirs du gouvernement. Et pour cause, deux ans plus tôt, Bachir Msitfa est nommé comme Secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre, chargé de la Prospective et des Statistiques avec une nouvelle feuille de route enterrée également après les changements survenus dans la composante du gouvernement après l'élection présidentielle du 17 avril 2014. Mais, toujours rien de nouveau dans ce domaine. Pour l'heure, le ministère délégué au Trésor et la Prospective confié à Hadji Baba Ammi, ancien directeur du Trésor, n'a pas encore dévoilé les axes sur lesquels il travaille. Il faudrait peut-être attendre le plan quinquennal 2015-2019 pour voir plus clair.