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Si l'heure est à l'austérité, ce n'est surtout pas à l'université qu'il faut toucher, bien au contraire Réda Djebbar. Maître de conférences au laboratoire de biologie et physiologie des organismes, USTHB
- L'arrêté n°19 du 21 janvier fixant la nature des stages ne mentionne pas les stages du cursus en master. Cela signifie-t-il qu'ils ont été supprimés ? Effectivement, l'arrêté est restrictif par rapport au décret exécutif n° 13-306 du 31 août 2013. Cela veut dire tout simplement que les étudiants du système LMD ne pourront pas effectuer de sorties sur le terrain, ce qui le cas des sciences de la terre et des sciences biologiques, par exemple. L'enseignement supérieur, qui était déjà mal en point, vient de subir le coup de grâce. Depuis quelque temps, les responsables prennent des décisions hallucinantes vu l'absence de concertation avec les principaux concernés, à savoir les enseignants-chercheurs. Les décisions prises dans l'urgence sont également pour quelque chose dans certaines incohérences. Et dire que l'université est le vivier de l'intelligence ! - De quelle manière cela affecte-t-il les étudiants ? Et le niveau de la formation supérieure plus globalement ? Certaines filières des sciences expérimentales LMD, tout comme les autres systèmes, nécessitent des sorties sur le terrain, à l'instar de l'écologie ou de la géologie. Sans stages et sorties sur le terrain, la formation se retrouve tronquée. Il ne s'agit pas de faire des stages (ou des sorties sur terrain) uniquement en fin de formation, pour le projet de fin d'études, mais durant tout le cursus pour permettre aux enseignants des différentes spécialités «d'illustrer» leurs cours magistraux. Sinon, à leur sortie de l'université, les étudiants auront une formation incomplète, ce qui fait déjà rager, d'ailleurs, les secteurs qui les recrutent. - Alors que le discours général est à la rationalisation des dépenses, comment les coupes dans les budgets sont-elles préjudiciables à l'université ? Si l'heure est à l'austérité, ce n'est surtout pas à l'université qu'il faut toucher, bien au contraire. Il y a des économies à faire dans d'autres secteurs non productifs et/ou parasites. Les hommes bien formés représentent une richesse inépuisable, à l'inverse de certaines ressources, comme les hydrocarbures. Aussi faut-il mettre encore plus de moyens dans l'université algérienne pour garantir l'avenir de notre pays. - Les professeurs ne sont pas au courant, le vice-doyen non plus ; on a quand même l'impression qu'il y a un manque de communication entre les universités et la tutelle... Cet arrêté reflète le fossé existant entre les responsables de la tutelle, d'une part, et les enseignants-universitaires et les étudiants, d'autre part. Le manque de communication est flagrant. Des décisions sont prises sans concertation aucune, ou parfois avec un simulacre de consultation des concernés. Des lois engageant la formation et la recherche supérieures sont élaborées dans l'urgence. Il ne faut pas être grand devin pour prévoir les conséquences désastreuses qui en découlent. Ceci expliquant cela, on comprend mieux pourquoi l'université algérienne est sinistrée et n'arrive pas à être à la hauteur des défis de l'heure et au niveau des universités d'autres pays, beaucoup moins pourvues que l'Algérie en ressources financières.