L'ONG Amnesty International dénonce les propos tenus par les députés des partis islamistes à l'APN à l'occasion des débats autour du projet de loi portant protection des femmes contre les violences. «Amnesty International s'inquiète de certaines positions inacceptables exprimées pendant les débats qui assimileraient ces dispositions à une ‘‘atteinte à la famille'' et attribueraient la responsabilité de la violence de genre aux femmes et aux jeunes filles qui en sont victimes», affirme Amnesty International Algérie dans un communiqué rendu public, jeudi soir. L'organisation fait référence, dans son document, aux commentaires des députés de l'Alliance de l'Algérie verte (AVV) constituée de trois partis islamistes, en l'occurrence le MSP, Ennahda et El Islah. Ces derniers se sont opposés, notamment, aux dispositions prévoyant des poursuites et des condamnations à la prison des époux violents. L'ONG salue, dans ce sens, les quelques avancées enregistrées dans le contenu de ce texte, notamment les amendements qui érigent explicitement en infractions passibles d'une peine de prison la violence physique contre un conjoint et les attentats à la pudeur à l'encontre de femmes dans des lieux publics. «Le projet de loi introduit par le gouvernement propose aussi des sanctions en cas d'abandon d'une épouse et de recours à la force ou à l'intimidation afin d'acquérir les ressources financières d'un ou d'une épouse», précise l'organisation. Malgré ces points positifs, Amnesty International oppose son objection concernant certaines dispositions, notamment celles ayant introduit la notion du «pardon» pour la levée des poursuites contre les maris violents. «Cette clause peut en effet permettre à des auteurs de violences de genre d'échapper à des poursuites judiciaires. Non seulement une telle disposition ignore la réalité des relations de pouvoir et d'inégalité entre les hommes et les femmes, mais elle expose également les femmes à un risque accru de violence et de recours à des méthodes coercitives pour qu'elles retirent leur plainte», ajoute la même source. Rappelant les bilans officiels concernant les violences contres les femmes, AI exhorte les autorités à adopter, en urgence, une approche globale pour lutter de manière adéquate contre les violences liées au genre, y compris les violences sexuelles. «Jusqu'à maintenant, l'approche des autorités est restée sélective, fragmentaire et symbolique, comme le reflète le projet de loi actuellement débattu», indique l'ONG. Pour rendre encore plus efficace la lutte contre cette violence, l'organisation demande l'adoption d'une loi globale pour lutter contre la violence liée au genre, dont les violences sexuelle et domestique devraient être un élément essentiel, en collaboration étroite avec les victimes et les organisations algériennes de défense des droits des femmes. Selon la même source, il est nécessaire également de «garantir que les lois, les politiques et la pratique répondent suffisamment à toutes les formes de violence sexuelle et adopter des mesures permettant de poursuivre effectivement les auteurs de viol et d'autres formes de violence sexuelle et de renforcer l'accès des victimes de violence sexuelle à la justice, aux services de santé et de soutien».