L'association Abane Ramdane pour la mémoire et l'histoire a organisé, jeudi dernier, une rencontre à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, pour recueillir les témoignages sur le concepteur du Congrès de la Soummam, tenu le 20 Août 1956 à Ifri-Ouzellaguen. Les hôtes de cette association de wilaya sont notamment Louisette Ighilahriz, moudjahida et une des héroïnes de la Bataille d'Alger, ainsi que les universitaires Dr Mezhoura Salhi et Dr Zeguini. Ces personnalités se sont succédé pour évoquer le rôle accompli par Abane Ramdane dans l'organisation structurelle du Congrès de la Soummam, celui joué dans la Zone autonome d'Alger, puis de la grève des 8 Jours, du 28 janvier au 4 février 1957, coïncidant à dessein avec l'ouverture de la session de l'ONU. «Lorsque nous avions eu écho de la réussite du Congrès de la Soummam, nous nous considérions, avec ma sœur Malika et d'autres militants, vraiment des combattants. Avec tous les militants, nous nous sentions soulagés, presque indépendants, lorsque nous sûmes que nous avions enfin un gouvernement et des dirigeants. Il ne nous restait que l'obtention de l'indépendance, objectif final de la Révolution…», s'est exclamée Mme Ighilahriz, très émue. «Réussir une telle rencontre en cette période, face à la Bleuite, à des adversités diverses, à l'ennemi et sur un terrain réduit, escarpé, c'est une œuvre héroïque que Abane avait accomplie, avec d'autres compagnons évidemment. C'est une rencontre qui avait défini l'organisation du futur Etat algérien. On se sentait en sécurité, on se disait, alors, enfin nous avons un chef, nous avons des chefs à qui nous pourrions nous adresser ; tous les imbroglios des débuts de l'insurrection étaient finis. Abane et ses camarades nous en avaient facilité la tâche, notamment pour comprendre les choses», a expliqué Mme Ighilahriz, âgée alors de 20 ans. Sur la grève des 8 Jours en 1957, la conférencière a indiqué : «Certes, certains disaient que l'action de la grève décidée par Abane était un échec, car il y avait beaucoup d'arrestations, dont mon père, que je n'ai pu retrouver qu'après 24 jours de recherches, mais la victoire politique était immense du point de vue international, tout en gagnant localement avec les innombrables détentions qui intervenaient, des gens qui n'étaient pas avec nous au départ.» La moudjahida a ajouté : «Si le nombre actuel de moudjahidine était au maquis au déclenchement de la Révolution et ayant la valeur des Abane et de ses camarades, nous aurions chassé la France de l'Algérie en à peine trois ans.» Elle a rappelé que Abane «a prévenu dans la Proclamation du 1er Novembre et dans les résolutions du Congrès du 20 Août 1956 que l'Algérie restera une et indivisible».