Par curiosité pour les uns, par intérêt pour la musique traditionnelle dite andalouse pour les autres, la prestation de Françoise Atlan a été bien accueillie à Oran. Le spectacle a eu lieu samedi soir au théâtre régional d'Oran (TRO) et la chanteuse de nationalité française a été programmée pour toute une tournée. Celle-ci, pilotée par l'Institut français, est réalisée en partenariat avec l'Office national de la culture et de l'information (ONCI) dans le cadre de la manifestation Constantine, capitale de la culture arabe 2015. La première escale a eu lieu à Tlemcen. Tout de suite après, une rumeur selon laquelle la cantatrice a interprété des morceaux en hébreu a fait le tour de la ville. Intention malveillante ou simple ignorance, le fait est que, à Oran, les autorités ont demandé des explications aux organisateurs avant de donner le feu vert. En réalité, Françoise Atlan, en plus de l'arabe, s'est essayée au vieux castillan parlé durant la période médiévale. «Ce spectacle est organisé dans le strict respect des valeurs et de la culture algériennes», se devait de rectifier Béatrice Bertrand, directrice de l'IFO, à l'entame du concert. Françoise Atlan a beaucoup séjourné au Maroc où elle s'est produite avec des musiciens locaux. En Algérie, elle vient pour la première fois, mais ce «retour» revêt pour elle un cachet particulier, car sa famille est originaire de Béjaïa, une ville qui faisait partie du département de Constantine durant la période coloniale. «Cette tournée est très importante pour moi, car à chaque escale j'essaye de m'imprégner du cachet local», explique Françoise Atlan, qui se produira également à Alger (Ibn Zeydoun, 21 septembre), à Annaba (le 28 septembre à la Maison de la culture) et à Constantine (Ahmed Bey le 30 septembre). Pour chaque escale, Françoise Atlan est accompagnée par Fouad Didi, mais fait intervenir des musiciens locaux spécialisés dans le genre traditionnel andalou (appelé pompeusement classique maghrébin). Ses capacités vocales et la limpidité de son chant ont ébahi le public qui en redemandait, car c'était à tel point que, en comparaison, les autres voix de l'orchestre, pourtant habituées à leur propre répertoire, semblaient sonner faux. Son idéal de paix entre les religions a été bien reçu lorsqu'avant d'entamer un chant inspiré d'un texte du poète soufi Ibn Arabi, elle a tenu à en lire une traduction en français pour que le message passe mieux. Par ailleurs, et dans le même cadre, Constantine, capitale de la culture arabe 2015 et avec le même souci de faire partager son expérience avec des artistes algériens, la Compagnie Turn Off the Light, qui allie arts visuels, danse et musique, se produira également dans les villes citées plus haut. Le spectacle s'intitule Empreintes et la tournée aura lieu en octobre. Même chose pour le trio (violon, qanoun, oud) palestinien formé par les frères Khoury qui effectuera une tournée entre le 5 et le 10 décembre.