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L'hospitalisation n'est plus le moyen unique de traitement» Pr Mohamed Amine Bencharif. Psychiatre et président de l'association Graba Abdelhamid de santé mentale «
Votre association célèbre la Journée mondiale de la santé mentale en organisant les 2es Journées Frantz Fanon portant sur le thème «Les hospitalisations en psychiatrie : portes ouvertes, portes fermées». Pourquoi ce thème ? Parmi les raisons ayant motivé le choix de la thématique portant sur les hospitalisations, citons celle qui coïncide avec la préparation, au niveau du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, du Plan national de santé mentale, selon les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé. En notre qualité d'intervenants exerçant en milieu hospitalier et spécialistes en psychiatrie-légale, ce qui nous intéresse, entre autres, dans ce plan, ce sont les aspects législatifs, règlementaires, organisationnels des modalités d'hospitalisation. Qu'est-ce que vous insinuez par «portes ouvertes, portes fermées» ? Portes ouvertes, c'est tout ce qui a trait à l'accueil, l'admission et la prise en charge spécialisée hospitalière librement consentie par le patient, alors que portes fermées se rapporte à l'internement du malade, à l'hospitalisation contre sa volonté et donc aux services fermés d'hospitalisation. Il s'agira en fait de débattre des différences qui existent entre ces deux aspects, voire des passages qu'il y aurait entre l'hospitalisation librement consentie, l'hospitalisation sous contrainte (placement volontaire, mise en observation, hospitalisation d'office) et l'internement judiciaire. En somme, il s'agira de discuter de toutes les formes d'hospitalisation relatives à l'hospitalisation en milieu psychiatrique. L'objectif principal de cette rencontre étant d'échanger avec les participants les avis sur la place de l'hospitalisation en milieu psychiatrique, n'est-ce pas ? Effectivement. Les professionnels de la santé mentale, eux-mêmes, dans leur grande majorité méconnaissent les différentes formes d'hospitalisation et leurs modalités d'application. En psychiatrie, il y a par exemple le placement volontaire, qui est demandé par la famille du malade. Cette procédure n'est pas appliquée alors qu'elle est prévue par la loi portant promotion et protection de la santé. D'autres modes d'hospitalisation existent, la mise en observation du malade, l'examen psychiatrique qui est demandé par l'autorité, le wali ou le procureur général près la cour, lorsqu'il y a trouble à l'ordre public et l'hospitalisation d'office. Les soins psychiatriques sont passés de l'asile psychiatrique à l'hôpital psychiatrique. L'extra-hospitalier améliorera-t-il la prise en charge des malades souffrant de troubles mentaux ? L'introduction des neuroleptiques dans les soins psychiatriques a été une véritable révolution permettant la stabilisation du malade mental et la possibilité d'instituer les psychothérapies pour arriver maintenant à la psychoéducation et à la remédiation cognitive. Ce parcours est une véritable évolution scientifique. De ce fait, l'hospitalisation n'est plus le moyen unique de traitement. Bien au contraire, elle ne devient qu'un des outils de traitement. La base de la prise en charge est le traitement en ambulatoire, c'est-à-dire qu'il doit y avoir un déplacement du gros des soins de l'hôpital vers l'extra-hospitalier. Justement, il y a actuellement un déploiement de psychiatres dans les établissements publics de santé de proximité…. Encore faut-il mettre à la disposition de ces psychiatres les moyens humains et matériels. Le malade a besoin de toute une équipe pluridisciplinaire pour une véritable prise en charge. Celle-ci ne relève pas uniquement du psychiatre. Des psychologues cliniciens, des éducateurs spécialisés, des assistantes sociales et des ergothérapeutes doivent être associés aux soins. Quant aux CISM, leur réhabilitation est plus que nécessaire vu leur rôle de proximité avec le malade. Quel regard portez-vous sur la politique de la santé mentale en Algérie ? Le premier plan date de 2001, 15 ans déjà... L'impression, pour ne pas dire la réalité, est que nous avons fait trop peu. Nous avons un retard à combler et nous portons de gros espoirs sur la mise en application du nouveau plan et la concrétisation des objectifs assignés. La volonté des professionnels est présente, le reste est une question de moyens, humains surtout et avant tout, mais aussi financiers et matériels. Il nous faut aller au-delà des intentions.