Le président Abdelaziz Bouteflika évoque, à nouveau, son projet de révision de la Loi fondamentale du pays. Dans son message à l'occasion de la célébration du 1er Novembre 1954, il a déclaré que l'avant-projet de loi sera «bientôt rendu public». «Beaucoup de réalisations ont déjà été concrétisées, mais d'autres restent à consolider ou à parachever, y compris dans les domaines politiques et de la gouvernance, et le projet de révision constitutionnelle qui sera bientôt rendu public se meut dans cette direction», a souligné le premier magistrat du pays pour lequel ce projet vise à «consolider l'unité nationale autour de notre histoire, de notre identité et de nos valeurs spirituelles et civilisationnelles». Le chef de l'Etat livre ainsi les grandes lignes de cette révision qui va, d'après lui, donner une base juridique solide à la promotion de la jeunesse et au renforcement des contrepouvoirs. Le président Bouteflika reste dans le vague, ne donnant que les thèmes génériques. Il dit ainsi que ce projet sera celui qui «confortera le respect des droits et libertés des citoyens ainsi que l'indépendance de la justice». Il sera également, ajoute-t-il, celui qui approfondira la séparation et la complémentarité des pouvoirs. Il va aussi consolider la place et le rôle de l'opposition parlementaire qui «sera dotée des moyens d'assumer un rôle plus actif, y compris par la saisine du Conseil constitutionnel». Le président Bouteflika parle, en outre, de «la dynamisation des institutions constitutionnelles de contrôle, tout comme la mise en place d'un mécanisme indépendant de surveillance des élections participent d'une même volonté d'affirmer et de garantir la transparence dans tout ce qui est relatif aux grands enjeux économiques, juridiques et politiques dans la vie nationale». Le souhait de Bouteflika Après avoir donné l'ossature de ce projet de révision constitutionnelle, le chef de l'Etat enchaîne en émettant un souhait qu'il aboutisse. «J'espère que cette révision constitutionnelle contribuera à l'affirmation d'une démocratie plus apaisée dans tous les domaines, ainsi qu'à davantage d'épanouissement des énergies des acteurs politiques, économiques et sociaux du pays, au service des intérêts de notre peuple, le peuple qui est la source exclusive de la démocratie et de la légitimité, le peuple qui est le seul arbitre souverain de l'alternance au pouvoir», a-t-il affirmé. Le président Bouteflika, qui jouit du point de vue constitutionnel de très larges pouvoirs, va-t-il renoncer à certaines de ses prérogatives ? C'est en tout que ce qui transparaît dans son succinct exposé sur ce projet, en gestation, il faut le rappeler, depuis 2012. Les premières consultations sur le projet de révision de la Loi fondamentale du pays, menées par le président du Sénat, Abdelkader Bensalah, n'ont pas connu de suite. La mouture finale a été utilisée par le chef de l'Etat comme «brouillon» dans la nouvelle phase des consultations menées en juillet 2014 par son chef de cabinet, Ahmed Ouyahia. La mouture produite par la commission Bensalah a été une grande déception pour ceux qui ont eu à participer aux consultations. Car peu de changements ont été opérés. Cette fois-ci, le président Bouteflika va-t-il aller plus loin, au point de rétablir l'équilibre et consacrer clairement la séparation des pouvoirs ? Pour le moment, il est difficile de parier tant les expériences passées ont été marquées par de mauvaises surprises. Affronter la crise Au-delà de la révision constitutionnelle, le président Bouteflika s'engage à poursuivre les efforts visant à rajeunir l'encadrement institutionnel. «J'ai grand espoir que la jeune génération puisse concourir activement à l'édification d'une Algérie développée et prospère, mue par le même esprit qui a animé ses aînés qui ont libéré l'homme et la terre», a-t-il affirmé dans le même discours. Le chef de l'Etat exhorte ainsi tous les Algériens à «bien considérer les enjeux de l'étape, de garder leur sang-froid devant les défis qui sont, souvent, exagérés dans le but d'effrayer le peuple, de le faire douter de ses capacités et d'ébranler sa confiance en ses dirigeants et ses cadres». Le président Bouteflika fait ainsi allusion aux partis de l'opposition qui lancent des cris d'alarme quant à la gravité de la crise et mettent en garde contre les dangers qui guettent le pays qui vit une situation d'impasse politique et une crise économique sans précédent. Il dit également dans son message qu'il est «persuadé que notre peuple, exercé à affronter les difficultés et à relever les défis, saura dépasser cette étape porteuse de crises, en puisant dans ses vertus innées que sont la patience et la détermination, l'amour de la patrie, la défense de ce qu'il a de sacré et ses richesses, la sauvegarde de sa liberté et de la souveraineté de sa décision, quels que soient la difficulté de la situation et le danger encouru».