Le syndicat des corps communs de l'éducation n'exclut pas de recourir à un mouvement de protestation, si la «ségrégation» envers cette catégorie ne cesse pas. Ali Bahari, président du Syndicat national des corps communs et des ouvriers professionnels de l'éducation nationale (Snccopen), signataire de la charte de stabilité avec huit autres syndicats, affirme n'avoir jamais voulu le pourrissement dans le secteur. «Nous serons contraints d'aller vers une action de protestation. Nous n'accepterons pas que nos droits soient continuellement spoliés. Pourtant le ministère est au courant de notre exclusion alors que nous représentons le tiers du corps total du secteur, soit 200 000 agents», a estimé M. Bahari lors d'une conférence organisée, hier, au siège du Snapest à Hussein Dey (Alger). Le syndicat renvoie dos à dos le ministère et des syndicalistes accusés de «traîtrise». «Le ministère de tutelle discute du contenu d'un seul statut alors que notre secteur en compte trois (08-315, 08-04 et 08-05). Les syndicats, qui monnayent leurs cartes d'adhésion, ont trahi la cause. Si dans les AG, ces syndicats promettent de défendre les corps communs, ils se dérobent une fois à la table des négociations avec le ministère. Ces syndicalistes ont trahi les petits travailleurs pour des privilèges. Tous les cadres du ministère, le directeur du cabinet et les autres ne défendent que les droits d'une catégorie et excluent les corps communs», s'indigne Ali Bahari. Si les salaires des corps communs restent insignifiants (15 000 DA), les travailleurs des différentes catégories ne bénéficient pas des mêmes avantages. «Avec les mêmes diplômes, des enseignants sont mieux classés et rémunérés que leurs collègues des corps communs. Après les protestations, la formation de trois ans exigée pour la promotion a été réduite à une année. Le remplacement exige plusieurs mois, ce qui a provoqué la vacance de plusieurs postes. Le décret exécutif n°13-159 du 15 avril 2013 fixant la liste des postes supérieurs relevant des services extérieurs du ministère de l'Education nationale doit être revu par le ministère. Les fonctionnaires occupant des postes en voie d'extinction sont aussi lésés comme d'ailleurs les diplômés de l'ancien système», énumère Khor Mustapha, syndicaliste. Le syndicat dénonce aussi une «ségrégation» dans le fonctionnement des œuvres sociales et menacent de «sceller» les bureaux de la commission en cas de non-prise en charge de leurs revendications. «Nous allons sceller la commission. L'argent des œuvres sociales appartienne à tous les travailleurs. Aux syndicats et au ministère de l'Education d'assumer la responsabilité. Si cette revendication n'est pas prise en charge, nous allons recourir à la justice», menace le président du Snccopen qui demande au ministère de faire participer les représentants à la gestion du fonds des œuvres sociales. Selon les corps communs, le ministère a «offert» les œuvres sociales à trois syndicats — Unpef, Cnapest et UGTA — pour «mettre fin aux protestations». «Les corps communs c'est 200 000 travailleurs, mais nous n'avons aucun représentant concernant ce fonds. Nous ne voulons pas parler des transactions douteuses qui s'y déroulent, alors que des travailleurs n'ont pas quoi manger. Pour un prêt de 150 000 DA, il leur est exigé de payer 5000 DA par mois alors que leur salaire ne dépasse pas 15 000 DA», s'indigne M. Bahari. Le syndicat dénonce, par ailleurs, les retards dans le paiement des salaires des contractuels (1000 sur les 70 000 de ce corps) dans les wilayas de Annaba, Ghardaïa, Sétif, El Tarf, Tiaret, Adrar, Tébessa. «A Alger-Ouest, un directeur a recruté sans visa de la tutelle. Plus d'une année, ce sont quelque 230 travailleurs qui n'ont pas touché leurs salaires», regrette le syndicaliste.